Esprit critique - Revue électronique de sociologie
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Vol.04 No.04 - Avril 2002
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Numéro thématique - Printemps 2002
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L'intervention sociologique
Sous la direction de Orazio Maria Valastro
Problématique
Table des matières
Présentation des articles et des auteurs
thesishelpers.com
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Problématique
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La théorie et la pratique de la recherche sociale avancent tout au long d'un processus de transformation du rapport entre le sociologue et son propre terrain d'enquête et d'intervention. C'est une hypothèse qui se manifeste de plus en plus dans les analyses et les réflexions élaborées dans le champ des sciences humaines et sociales. Cette hypothèse soulève toute une série de réflexions et d'interrogations tant au niveau épistémologique qu'au niveau méthodologique, ce processus de transformation pose des questions concernant les pratiques des sociologues et des "acteurs" sociaux, ou des "agents" sociaux, ainsi que leur relation. Les processus sociaux dans lesquels ces pratiques se définissent et se déploient, doivent être observés et examinés à partir des trajectoires réunissant en même temps l'action des sujets sociaux et l'intervention du sociologue.

Les pratiques sociologiques que nous-mêmes construisons vont influencer l'intervention du sociologue, soit-il un jeune chercheur ou un spécialiste dans un cadre institutionnel, université, instituts de recherche et administrations publiques ou privées, ou d'autres réalités sociales telles que les associations ou les coopératives. La question posée en amont de ces raisonnements fini par regrouper, au lieu de les séparer et de les opposer, la reconnaissance de la complexité du monde social, ou des mondes sociaux, et la relation entre le sociologue et ses interlocuteurs, directs et indirects. Il devient légitime en conséquence de poser une deuxième question: dans quelle mesure sont en discussions et comment vont être validés les fondements et la recevabilité de la recherche sociale, la production de connaissances sociales, l'intervention du sociologue et le changement social.

L'intervention du sociologue produit des connaissances du monde social et des résistances qui s'opposent à son action. Les instruments conceptuels et les méthodes d'interventions de l'action sociologique, situés dans ce rapport incontournable avec les acteurs sociaux et dépassant définitivement d'autres oppositions biens plus traditionnelles, des dualismes classiques comme celui entre sujet et objet, faits sociaux et représentations sociales, réalité et interprétation. Cette oscillation entre des pôles opposés tout en cherchant à les intégrer nous amène tout droit aux problèmes concernant l'implication et la neutralité du sociologue. Cet autre processus d'adaptation a des effets importants, d'où l'impossibilité aujourd'hui de pouvoir concevoir l'intervention sociologique indépendante des procédures de l'implication ou de la neutralité dans la relation avec les acteurs et son propre terrain d'action.

 
 
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Table des matières
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Editorial
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Intervention sociologique ou sociologie d'intervention? Les sociologues chercheurs et praticiens sociaux.
Par Orazio Maria Valastro

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Articles
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L'interprétation, la catégorie et le concept: vers une exploration de la typification schützienne
Par Marie-France Aujard

De l'engagement sociologique: la sociologie comme science à intention critique.
Par Arnaud Saint-Martin

Déconstruction d'un discours de "success story" et analyse des processus de régulation sous-jacents.
Par Hugues Draelants

Intervention, développement local et sociologie.
Par Georges Bertin

L'intervention sociologique dans les PME familiales: une construction épistémique de savoirs locaux.
Par Philippe Scieur

L'intervention éducative: clarifications conceptuelles et enjeux sociaux. Pour une reconceptualisation des pratiques d'intervention en enseignement et en formation à l'enseignement
Par Yves Lenoir, François Larose, Colette Deaudelin, Jean-Claude Kalubi et Gérard-Raymond Roy

L'approche qualitative comme méthode et objet du travail sociologique
Par Orazio Maria Valastro

L'intervention sociologique commanditée, au risque d'une rivalité mimétique.
Par Marc Le Gallo

Posture ou imposture scientifique de l'intervenant sociologue.
Par Aurélia Manzi

Le défi de la neutralité axiologique dans l'introduction du développement durable dans les entreprises.
Par Yves Garenne

Le sociologue face à l'organisation.
Par Rabah Kechad

Vers une recherche et des formations doctorales en travail social en France.
Par Hervé Drouard

Sens et usages de la notion d'intervention: l'éclairage du travail social et des sciences infirmières pour l'élaboration d'un concept d'intervention sociologique.
Par Yves Couturier

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Entretien
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Pratiques sociologiques et développement local
Par Orazio Maria Valastro

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Compte rendu critique
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Se raconter: l'autobiographie comme thérapeutique du soi
Par Orazio Maria Valastro

 
 
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Présentation des articles et des auteurs
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Editorial
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Intervention sociologique ou sociologie d'intervention? Les sociologues chercheurs et praticiens sociaux.
Par Orazio Maria Valastro

Perfectionnement en théorie et analyse qualitative dans la recherche sociale (Département de Sociologie, Université La Sapienza, Rome); Spécialisation en Médiation sociale (École internationale de médiation sociale, Société italienne de Sociologie, Barletta); Maîtrise de Sociologie (Université René Descartes, Paris V); Consultant, intervenant et formateur, en tant que sociologue et professionnel indépendant pour des municipalités régionales, des Instituts professionnels d'État et des communautés locales, dans le domaine des politiques sociales, Italie; Rédacteur en Chef de la revue électronique de sociologie Esprit Critique.
Origine: Italie
Courrier électronique: valastro.nemesi@iol.it

La théorie et la pratique de la recherche sociale avancent tout au long d'un processus de transformation du rapport entre le sociologue et son propre terrain d'enquête et d'intervention, faisant jaillir toute une série de réflexions et d'interrogations tant au niveau épistémologique qu'au niveau méthodologique. Ce processus de transformation pose des questions concernant les pratiques des sociologues et des "acteurs" ou des "agents" sociaux, ainsi que leur relation. Les processus sociaux dans lesquels ces pratiques se définissent et se déploient, doivent être observés et examinés à partir des trajectoires réunissant en même temps l'action des acteurs sociaux et l'intervention du sociologue. La question posée en amont de ces réflexions fini par regrouper, au lieu de les séparer et de les opposer, la reconnaissance de la complexité du monde social, ou des mondes sociaux, et la relation entre le sociologue et ses interlocuteurs, directs et indirects. Il devient légitime en conséquence de poser une deuxième question: dans quelle mesure sont en discussions et comment vont être validés les fondements et la recevabilité de la recherche sociale, la production de connaissances sociales, l'intervention du sociologue et le changement social. L'intervention du sociologue produit des connaissances du monde social et des résistances qui s'opposent à son action. Les instruments conceptuels et les méthodes d'interventions de l'action sociologique, situés dans ce rapport incontournable avec les acteurs sociaux, devancent définitivement des oppositions traditionnelles, des dualismes classiques comme celui entre sujet et objet, faits sociaux et représentations sociales, réalité et interprétation. Cette oscillation entre des pôles opposés tout en cherchant à les intégrer nous amène tout droit aux problèmes concernant l'implication et la neutralité du sociologue. Cet autre processus d'adaptation a des effets importants, d'où l'impossibilité aujourd'hui de pouvoir concevoir l'intervention sociologique indépendante des procédures de l'implication ou de la neutralité dans la relation avec les acteurs et son propre terrain d'action.



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Articles
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L'interprétation, la catégorie et le concept: vers une exploration de la typification schützienne
Par Marie-France Aujard

Doctorante en Sociologie, Université Laval.
Origine: Québec
Courrier électronique: aujard@caramail.com

Au préalable de toute intervention sociologique, il est requis de s'interroger sur les catégories, les concepts et les interprétations qui seront la base du travail du chercheur. Dans cet article, il s'agit de réfléchir sur l'importance que revêtent les choix de telle ou telle nature et sur ce que ceux-ci impliquent pour le chercheur.



De l'engagement sociologique: la sociologie comme science à intention critique.
Par Arnaud Saint-Martin

DEA en Sciences Sociales à l'Université Paris V, Sorbonne.
Origine: France
Courrier électronique: arsaint-martin@wanadoo.fr

Les historiens des idées ont bien montré comment le "discours sociologique" est en quelque sorte coextensif à l'épistémè moderne, à une espèce particulière de société. De là, dégager les conditions historiques d'émergence de cette discipline plurivoque (à prétention scientifique) inviterait finalement à relativiser son "contenu" même, puisqu'elle ne rend compte que de configurations et formes sociétales historiquement et géographiquement "situables". Les transformations structurelles des sociétés contemporaines soi-disant "globalistes" (P.-A. Taguieff) feraient littéralement éclater des cadres conceptuels et des modèles théoriques sclérosés, dépassés par les "événements et l'accélération endémique du "mouvement"; la connaissance sociologique serait une création épistémique désormais en voie d'obsolescence. Ce type d'interprétation historicisante du discours sociologique a ses adeptes. Sur les campus américains (les départements universitaires postmodernes, les Science Studies ou encore les Gays and Lesbians Studies), il est d'usage de "déconstruire" l'idéologie "rationaliste-individualiste-utilitariste-capitaliste" de la modernité, que la sociologie légitimerait "scientifiquement". Bref, aspirant à renouveler une pensée post-critique "libérée" du joug de la rationalité, ces "courants intellectuels" annoncent apocalyptiquement la mort du discours sociologique sur la modernité (et du discours sociologique tout court), après la mythique "mort de l'homme" décrétée par l'anti-humanisme foucaldien (on attend encore la fameuse vague qui effacera le visage ensablé de l'homme des modernes...) Dans cet article, on discutera cette vision anti-moderniste qui imprègne insidieusement les esprits. Contre cette nébuleuse idéologique postmoderne (ou proto-moderne?), on insistera sur la spécificité épistémologique du savoir sociologique qui, en tant qu'il prétend à une vérité universalisable et discutable, peut idéalement transcender les conditions historiques de son apparition. Et de ce fait, elle n'est pas une vulgaire sécrétion purement idéologique de la modernité: c'est un projet réflexif qui porte en lui les idéaux de la "démocratie", mode d'organisation politique transhistorique dont l'existence incertaine et problématique est constamment remise en cause par les obscurantismes et les réactions particularistes. Aussi, on développera l'idée suivant laquelle la sociologie est une science pour la démocratie, qui impose une réflexivité (c'est à dire un mode d'intervention sociologique) socialement "diffusable" et plus contemporainement (à l'heure de la mondialisation techno-marchande) ce que P.-A. Ta-guieff appelle la "résistance au bougisme", à la mentalité globaliste, idéologie pour laquelle il est nécessaire et vital de radicaliser les structures des sociétés modernes.



Déconstruction d'un discours de "success story" et analyse des processus de régulation sous-jacents.
Par Hugues Draelants

Sociologue (DEA en sociologie). Assistant de recherche à l'UCL, Unité d'anthropologie et de Sociologie. Membre du GIRSEF (Groupe Interfacultaire de Recherche sur les Systèmes d'éducation et de Formation).
Origine: Belgique
Courrier électronique: hugues@draelants.net

L'article interroge les rapports entre le sociologue et son terrain d'enquête, plus particulièrement la problématique du statut à conférer à la parole des acteurs. Par l'expression de "success story" j'entends un discours socialement construit, constituant, dans une perspective interactionniste, une stratégie de présentation de soi collective exhibant une identité fière et tendant à passer sous silence la plupart des difficultés vécues par un groupe. A travers ce type de discours, les acteurs se constituent une identité narrative. Dans l'article, j'analyse comment procéder pour récolter un matériau pertinent lorsque l'on est confronté à un tel type de discours. Je défends la nécessité, dans pareil cas, d'adopter une posture méthodologique de type "critique-analytique", de placer la situation d'enquête au centre du matériau (paradoxe de l'observateur), et d'historiciser la situation présente en axant les entretiens sur le passé du groupe et en questionnant sur les événements critiques.



Intervention, développement local et sociologie.
Par Georges Bertin

Docteur en Sciences de l'Éducation; HDR en Sociologie; Directeur de l'Institut de Formation et de Recherche en Intervention Sociale d'Angers (IFORIS); Enseigne aux universités d'Angers, du Maine, à l'Université Catholique de l'Ouest, à l'Université Catholique de Bourgogne, à l'Ecole Nationale d'Application des Cadres Territoriaux.
Origine: France
Courrier électronique: georges.bertin49@wanadoo.fr

Penser le projet de développement local, c'est dès lors envisager la rencontre entre les projets individuels et le projet des institutions. Car le projet est une dialectique sans cesse recréée entre Organisation (fermé, épuré) et Institution (praxis). Il est marqué par des temporalités différentes, toujours à prendre en compte. A l'espace homogène des plans d'aménagement s'opposent les espaces pluriels des pays et des territoires. Ainsi, construire une initiative de développement local et l'évaluer, c'est mettre en pratique, et la sociologie en est ici l'agent, un processus d'éducation (au sens d' e ducere: faire sortir) collective à la complexité, en travaillant à la fois les niveaux de sens, les fonctions sociales, le fonds culturel, la communication, l'interaction, l'ambivalence. Dans ce processus, le sociologue conquiert, en même temps qu'il s'autorise à le faire, le droit à évoquer la parole sociale, non pour la convoquer ni la révoquer mais pour en faire une instance toujours placée en contrepoint de l'action.



L'intervention sociologique dans les PME familiales: une construction épistémique de savoirs locaux.
Par Philippe Scieur

Docteur en sociologie, Université catholique de Louvain; collaborateur scientifique FNRS (Fonds national de la recherche scientifique); chercheur et chargé d'enseignement aux FUCaM (Facultés universitaires catholiques de Mons); GReSAS (Groupe de recherche Sociologie-Action-Sens), Mons/Belgique; Domaines de recherche, l'action organisée, les entreprises, les organisations du tiers secteur, les professions.
Origine: Belgique
Courrier électronique: philippe.scieur@fucam.ac.be

La recherche sociologique dans les PME familiales est peu développée et les quelques approches qui s'y intéressent procèdent de manière déductive. A partir de ce constat, nous avons élaboré une méthodologie de l'intervention sociologique, essentiellement inductive, qui s'inspire de la socio-anthropologie, et qui permet d'une part de répondre à une demande de gestionnaires de mieux comprendre et organiser leur entreprise et d'autre part de produire de la connaissance scientifique et de l'intelligibilité par rapport au social qui s'y construit. Cette démarche génère diverses interrogations d'ordre praxéologique et épistémique auxquelles nous tentons d'apporter une réponse. L'enjeu est clairement d'inscrire une manière de faire la sociologie, dans une réflexion qui questionne le sens de cette discipline scientifique.



L'intervention éducative: clarifications conceptuelles et enjeux sociaux. Pour une reconceptualisation des pratiques d'intervention en enseignement et en formation à l'enseignement
Par Yves Lenoir, François Larose, Colette Deaudelin, Jean-Claude Kalubi et Gérard-Raymond Roy

Yves Lenoir, Dr sociologie
Professeur titulaire. Titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l'intervention éducative. Directeur du CRIE (Centre de recherche sur l'intervention éducative). Codirecteur du CRIFPE (Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante). Président de l'Association mondiale des sciences de l'éducation (AMSE) / World Association for Educational Research (WAER). Faculté d'éducation, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.
Origine: Québec
Courrier électronique: ylenoir@videotron.ca

François Larose, Dr éducation
Professeur titulaire. Codirecteur du CRIE. Membre du CRIFPE. Faculté d'éducation, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.
Origine: Québec
Courrier électronique: flarose@courrier.usherb.ca

Colette Deaudelin, Ph.D. technologie éducative
Professeur titulaire. Chercheuse associée à la chaire de recherche sur l'intervention éducative. Membre du CRIE et du CRIFPE. Faculté d'éducation, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.
Origine: Québec
Courrier électronique: colette.deaudelin@courrier.usherb.ca

Jean-Claude Kalubi, Dr sciences de l'éducation
Professeur agrégé. Membre du CRIE et du CRIFPE. Faculté d'éducation, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.
Origine: Québec
Courrier électronique: jc.kalubi@courrier.usherb.ca

Gérard-Raymond Roy, Dr linguistique
Professeur titulaire. Membre du CRIE et du CRIFPE. Faculté d'éducation, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.
Origine: Québec
Courrier électronique: grroy@courrier.usherb.ca

L'article a pour objectif de proposer une clarification de la notion d'intervention éducative et d'en présenter l'usage en recherche au sein de la chaire de recherche du Canada et du Centre de recherche sur l'intervention éducative. Après avoir posé en préliminaire la nécessité de considérer l'intervention éducative comme une interaction bienveillante et après avoir avancé divers arguments qui concourent à justifier le choix du recours à la notion, différents niveaux de sens sont dégagés et resitués au sein d'un réseau conceptuel. Ces clarifications conduisent à l'élaboration du cadre conceptuel au sein duquel l'intervention éducative se caractérise par l'association qu'elle établit entre les dimensions didactiques (rapport au savoir, aux savoirs et de savoirs), les dimensions psychopédagogiques (rapport au sujet), les dimensions organisationnelles (gestion de la classe) et les dimensions institutionnelles et sociales (rapport au contexte). Elle renvoie à une conception praxéologique qui, en éducation, intègre dialectiquement anticipation, agir et réflexion critique, et qui s'appuie sur un dispositif, ancré dans une situation conçue comme espace transitionnel, qui vise à favoriser le processus d'apprentissage. Ce dispositif a ceci de particulier qu'il est le lieu d'interaction entre les deux médiations constitutives du rapport enseignement-apprentissage, la médiation cognitive, intrinsèque au rapport d'objectivation qu'établit le sujet apprenant, et la médiation pédagogicodidactique, extrinsèque et relevant de l'intervenant. Cette dernière peut être qualifiée d'intervention éducative, l'intervention étant alors considérée du point de vue pratico-interactif.



L'approche qualitative comme méthode et objet du travail sociologique
Par Orazio Maria Valastro

Perfectionnement en théorie et analyse qualitative dans la recherche sociale (Département de Sociologie, Université La Sapienza, Rome); Spécialisation en Médiation sociale (École internationale de médiation sociale, Société italienne de Sociologie, Barletta); Maîtrise de Sociologie (Université René Descartes, Paris V); Consultant, intervenant et formateur, en tant que sociologue et professionnel indépendant pour des municipalités régionales, des Instituts professionnels d'État et des communautés locales, dans le domaine des politiques sociales, Italie; Rédacteur en Chef de la revue électronique de sociologie Esprit Critique.
Origine: Italie
Courrier électronique: valastro.nemesi@iol.it

La relation entre méthodologies qualitatives et statut épistémologique du sujet dans les sciences sociales, est une relation problématique: le rôle du sujet et de la subjectivité dans la recherche et dans la production de connaissances sociales est un enjeu fondamental. Présenter une réflexion autour de la pratique de l'entretien et de l'approche biographique à partir de cet enjeu, examinant l'application de ces approches dans le cadre de la recherche-action-participée, nous permet de saisir les questions fondamentales autour du rôle et de l'action de professionnels, chercheurs et intervenants sociaux, dans la transformation des systèmes de relations des acteurs sociaux tout en considérant des instruments envisageables dans une sociologie d'intervention autour de processus de construction et d'ancrage de la communication et des rapports entre les acteurs dans leurs contextes sociaux.



L'intervention sociologique commanditée, au risque d'une rivalité mimétique.
Par Marc Le Gallo

Sociologue au COMPAS (Centre d'observation et de mesure des politiques d'action sociales) à Nantes; DESS "Enquête, Diagnostic, Expertise sociale", Université de Nantes.
Origine: France
Courrier électronique: marc.legallo@compas-tis.com

Cet article tente une analyse de certaines situations relationnelles à l'oeuvre lors de l'intervention d'un sociologue non-universitaire; en l'occurrence ici, auprès de professionnels du secteur social. C'est la théorie de René Girard sur le désir et la rivalité mimétique qui éclairera et guidera le propos. Sachant que "chaque façon de voir est aussi une façon de ne pas voir", ce parti pris ne prétend en aucun cas exclure d'autres regards. L'intervention sociologique dans un contexte extra-universitaire n'est pas en soi génératrice de difficultés et en l'occurrence de conflits (cf. la pensée girardienne). Elle l'est seulement potentiellement lorsqu'elle est mise sous le projecteur des interrelations qui la rendent possible. Alors, qu'en est-il ici du triangle girardien "désirant - objet - possédant"?



Posture ou imposture scientifique de l'intervenant sociologue.
Par Aurélia Manzi

DESS Intervention Sociologique, Université de Nancy; Sociologue dans un cabinet d'étude et d'urbanisme; Missions actuelles - le concept d'insalubrité des logements et la notion d'inconfort sur un département de Franche-Comté - les schémas départementaux d'accueil et de stationnement des gens du voyage (manouches, roms, gitans, yénisches) - l'adaptation du logement existant dans un secteur géographique particulier, aux besoins et aux modes de vie d'une population spécifique comme les travailleurs migrants, les personnes âgées, ou encore dans les quartiers défavorisés.
Origine: France
Courrier électronique: aureliacrociati@hotmail.com

Aujourd'hui, il n'y a pas de statut clairement identifié en France, pour les personnes qui utilisent la sociologie, que se soit dans leur profession, ou qui ont fait de la sociologie, leur profession. Pourtant cette discipline est présente, et utilisée, dans des domaines divers: chargés d'études, formateurs, consultants, chefs de projets, chargés de mission... Pour autant, est-ce que le sociologue intervenant, le praticien, peut prétendre au titre de sociologue au sens universitaire, à savoir, le titre d'un individu qui utilise un savoir sociologique, lorsqu'au fur et à mesure de sa pratique, il devient un expert dans un domaine particulier? Comment alors définir sa spécificité, une identité de professionnel sociologue, lorsqu'il n'existe encore aucune convention collective particulière? Comment et surtout, est-il possible de rester sociologue, lorsqu'on ne travaille pas dans le contexte universitaire, et de ce fait, lorsqu'on ne côtoie pas des individus issus de la même formation. Peut-on rester sociologue hors université, conserve t-on et applique t-on cette démarche scientifique sociologique si farouchement défendue? Se déterminer comme sociologue implique une construction personnelle, un développement et un entretien continuels, afin que la profession conserve sa scientificité et sa spécialité dans une économie et un milieu professionnel qui a ses propres exigences directives.



Le défi de la neutralité axiologique dans l'introduction du développement durable dans les entreprises.
Par Yves Garenne

DESS "Interventions Sociologiques", Université Nancy 2; Mastère en Management des Technologies de l'Information; Ingénieur en Transport Aérien.
Origine: France
Courrier électronique: yves.garenne@pobox.com

Le développement durable en entreprise est un concept qui a une histoire d'une quinzaine d'années, mais il ne semble se cristalliser que depuis 3 ou 4 ans suite à différentes initiatives majeures comme celles de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), l'OIT (Organisation internationale du travail), ou encore Kofi Annan lui-même à l'ONU (Organisation des nations unies). L'objet du concept consiste à faire le pari que le respect de critères environnementaux, sociaux et économiques, tous basés sur une éthique donnée (en général religieuse) ou construite (consensuelle à base de chartes ou de codes d'éthique ou de normes internationales), donne à l'entreprise une nouvelle manière d'être et de se représenter vis-à-vis de l'extérieur. Dans certains cas, c'est aussi une question de survie face à des mouvements d'opinion orchestrés. C'est une réponse face à sa désinsertion symbolique. Le sociologue intervenant est alors pris à parti en tant que témoin, actant (bien malgré lui), voire catalyseur. La neutralité axiologique est alors un vrai défi de forme et de contenu. Un défi de forme sur la place du sociologue dans la démarche: est-il un faire-valoir, un effet miroir, un accompagnateur du changement ou un chercheur? Un défi de contenu: qu'attend-on du sociologue? des outils de compréhension, des outils de justification (interne ou externe), ou plutôt la mise en oeuvre de compétences psychosociologiques?



Le sociologue face à l'organisation.
Par Rabah Kechad

Doctorant en Sociologie; Chargé de cours à l'Université de Blida; Consultant en management, GRH et communication.
Origine: Algérie
Courrier électronique: rkechad@yahoo.fr

Les études menées en qualité de sociologue et de consultant en management et GRH nous ont permis de développer une réflexion sociologique autour du nouveau métier de sociologue face au changement organisationnel et managérial. Le changement organisationnel et managérial exige aujourd'hui du sociologue des organisations une autre façon d'agir. C'est la raison pour laquelle nous proposons de nouveaux profils (on ne peut pas laisser au singulier dans la mesure où l'auteur décline ensuite 2 types) du sociologue: le sociologue analyste et le sociologue consultant. Le sociologue analyste est celui qui continue à analyser les organisations en usant de sa boîte à outils méthodologiques; le sociologue consultant intervient par l'action en vue de conseiller et d'aider les managers à assurer le changement organisationnel et managérial par le conseil ou la mise en place de systèmes de gestion et d'organisation. Cette vision implique donc une autre manière de concevoir la formation du sociologue, théoricien et praticien en même temps, tout en créant un nouveau profil: celui du sociologue consultant.



Vers une recherche et des formations doctorales en travail social en France.
Par Hervé Drouard

Docteur en Sociologie; Rédacteur en Chef de la Revue Forum, Revue de la recherche en travail social
Origine: France
Courrier électronique: HDro101688@aol.com

Quelques précisions historiques ou sémantiques pour éclaircir un débat de légitimité sans cesse renaissant, en France mais aussi en Europe. Il est clair que les sciences, production de l'intelligence humaine, n'ont qu'un seul champ à explorer et donc à se partager: l'homme et son environnement. Ce qui va spécifier, différencier, plus que le partage de morceaux du champ seront les angles d'approche, les points de vue (et donc les positions, les places du chercheur) et les instruments d'investigation. Pour s'en tenir aux sciences humaines, on peut décliner un certain nombre de regards particuliers, inclusifs et non exclusifs: - les sciences dites humaines s'intéressent à la totalité de l'homme en société, - la sociologie privilégie les phénomènes sociaux, les inter-actions humaines, - la recherche sociale s'attache à ce qui fait problème, à certains moments, dans une société donnée; elle peut ou non prendre en compte les interventions volontaires des institutions et acteurs préposés au règlement de ces problèmes; on peut donc imaginer un point de vue original, - une recherche en intervention sociale, qui, à partir de la position d'intervenant, se centre sur l'action, sur l'acte de changement social; - enfin, depuis une vingtaine d'années et dans un cadre très situé historiquement et sociologiquement, un courant de "praticiens-chercheurs" lutte pour faire advenir une "recherche en travail social" qui s'intéresse plus précisément à l'intervention des professionnels d'un certain type d'intervention, celle des travailleurs sociaux, strictement repérés.



Sens et usages de la notion d'intervention: l'éclairage du travail social et des sciences infirmières pour l'élaboration d'un concept d'intervention sociologique.
Par Yves Couturier

Ph.D. Sciences Humaines Appliquées. Département de Service Social FLSH. Université de Sherbrooke, Québec.
Origine: Québec
Courrier électronique: yves.couturier@courrier.usherb.ca

Cet article rend compte d'une thèse de doctorat qui a recensé et conceptualisé pour des travailleurs sociaux et des infirmiers au Québec les usages et les sens de la notion d'intervention. Cette recension aura permis l'élaboration de matériaux pour une grammaire de l'intervention, matériaux utiles pour apprécier en quoi participe et se distingue la sociologie dans le déploiement de ce que Chauvière nomme la "volonté d'intervenir" (1989: 80). En fait, si l'usage en sociologie de cette notion s'arrime de toute évidence au déploiement dudit interventionnisme, des caractéristiques internes à la discipline lui permettent d'en prendre distance. Nous souhaitons contribuer à l'effort de clarification conceptuelle à ce propos en partant de la question suivante: mais que vient donc dire et faire la large diffusion de la notion d'intervention pour les deux groupes professionnels en titre? Cet éclairage sera utile à la sociologie puisqu'elle se situe en partie dans une double homologie avec ces groupes professionnels, quant à leur professionnalisation, et quant au débat épistémologique sur la "nécessaire efficacité praxéologique" des actions. Ici, et une fois n'est pas coutume, les disciplines professionnelles peuvent contribuer à la réflexion en sociologie.



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Entretien
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Pratiques sociologiques et développement local
Par Orazio Maria Valastro

Perfectionnement en théorie et analyse qualitative dans la recherche sociale (Département de Sociologie, Université La Sapienza, Rome); Spécialisation en Médiation sociale (École internationale de médiation sociale, Société italienne de Sociologie, Barletta); Maîtrise de Sociologie (Université René Descartes, Paris V); Consultant, intervenant et formateur, en tant que sociologue et professionnel indépendant pour des municipalités régionales, des Instituts professionnels d'État et des communautés locales, dans le domaine des politiques sociales, Italie; Rédacteur en Chef de la revue électronique de sociologie Esprit Critique.
Origine: Italie
Courrier électronique: valastro.nemesi@iol.it

Cet entretien propose une démarche compréhensive du développement local, une interprétation des problématiques concernant ce champ spécifique de l'intervention sociologique en fonction de raisonnements qui ne découlent pas exclusivement d'éléments quantitatifs, strictement dépendants d'une dimension économique. Il s'agit d'une réflexion, proposée par Georges Bertin, présentant une approche qui relève de la complexité sociale et de ses dimensions qualitatives, des dynamiques relationnelles et sociales des acteurs impliqués dans le processus d'intervention et de leurs stratégies individuelles et de groupes. Des stratégies découlant de la structure et de l'organisation des représentations qui gèrent les pratiques sociales déployées, ainsi que des pratiques sociales globales découlant des systèmes symboliques partagés et en construction, se déploient dans une conflictualité et une transformation permanentes.



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Compte rendu critique
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Se raconter: l'autobiographie comme thérapeutique du soi
Par Orazio Maria Valastro

Perfectionnement en théorie et analyse qualitative dans la recherche sociale (Département de Sociologie, Université La Sapienza, Rome); Spécialisation en Médiation sociale (École internationale de médiation sociale, Société italienne de Sociologie, Barletta); Maîtrise de Sociologie (Université René Descartes, Paris V); Consultant, intervenant et formateur, en tant que sociologue et professionnel indépendant pour des municipalités régionales, des Instituts professionnels d'État et des communautés locales, dans le domaine des politiques sociales, Italie; Rédacteur en Chef de la revue électronique de sociologie Esprit Critique.
Origine: Italie
Courrier électronique: valastro.nemesi@iol.it

Présentation du texte de Duccio Demetrio concernant l'approche biographique. Tout travail individuel ou accompagné dans la création de tranches de mémoire, est aussi un projet éducatif et de formation personnelle et sociale. Le travail autobiographique nous conduit à reconsidérer notre vécu en passant du registre de la pensée autobiographique au registre du travail autobiographique. Tout en expérimentant un temps et une histoire sociale en mouvement dans un parcours apparemment en retrait de ce que nous allons devenir, le travail autobiographique s'aperçoit comme l'expérience d'une autoanalyse de notre vécu. L'autobiographie comme thérapeutique du soi, une fonction reconnue et considérée depuis longtemps, n'est pourtant pas toujours envisageable n'étant pas une thérapeutique sans contraintes opérantes au niveau de notre histoire sociale.



 
 
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