Revue électronique de sociologie
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vol.03 no.04 - Avril 2001
Numéro thématique:
Société et santé mentale: contributions de la sociologie aux processus d'inclusion sociale
Sous la direction de Orazio Maria Valastro
Articles
 

Contribution de l'analyse de conversation à l'étude des pratiques informelles en institution: le cas des réunions d'équipe.

Par Catherine Felix
 

      Je présenterai ici une synthèse malheureusement assez sommaire d'un travail de recherche universitaire portant sur ce que l'on appelle "la construction du sens" dans les échanges langagiers.

      Le lien que je proposerai de faire avec le thème général retenu pour ce numéro de la Revue électronique de Sociologie est l'intérêt que représente, pour le domaine de la Santé Mentale, "cette construction de sens" collaborative, située dans les équipes prenant en charge des personnes en difficulté psychique.

      Ce lien peut paraître assez ténu en apparence, mais il apparaîtra plus consistant si l'on pense à l'impact des pratiques informelles des personnels de terrain, en contact permanent avec les usagers. Or ces pratiques informelles sont essentiellement des pratiques langagières, qu'il s'agisse de thérapie ou de re-éducation.

      Outil majeur d'intervention des divers techniciens "de la relation", la parole est aussi le véhicule de l'interprétation des situations dans le quotidien et de la résolution des problèmes pratiques liés à l'organisation du travail.

      Or entre le travail prescrit par les circulaires, les réglementations, les projets d'établissements etc., et le travail réel fait d'improvisation continuelle et de micro-négociations, existe non seulement un décalage continuel, mais également des contradictions que les agents doivent gérer "au coup par coup".

      Le registre des pratiques informelles bien que faisant partie d'un savoir institutionnel tacite (on sait comment les problèmes se résolvent), ne fait généralement pas l'objet d'interrogations ou d'études spécifiques.

      Avant de donner quelques exemples de résultats obtenus par une analyse de "ce qui se passe" dans les échanges et donc des méthodes utilisées par les participants à une réunion d'équipe pour "donner un sens" à ce qui est dit et "actualiser" les normes institutionnelles, j'évoquerais la particularité de la perspective retenue pour effectuer cette analyse.

      Entre autres je donnerais les présupposés qui permettent de justifier théoriquement et méthodologiquement ma démarche. Cette démarche est dite "microsociologique" dans la mesure où elle s'intéresse aux situations et aux phénomènes locaux. Ses prétentions se réduisent -si l'on peut dire- à explorer si l'on retient la formule de Goffman "l'ordre de l'interaction" en tant qu'ordre social de plein droit.

      Dans la lignée des perspectives ethnométhodologiques elle suppose que le monde social est toujours et d'abord interprété, c'est à dire déjà donné. Il ne s'agit donc pas de construire une théorie qui pourrait rendre compte du réel, en écartant la vision que les acteurs sociaux en ont, mais de privilégier au contraire cette dernière pour découvrir le sens déjà donné.

      Dans la mesure où il est question ici d'utiliser l'outil analytique que représente l'Analyse de Conversation, en tant que méthode d'observation naturaliste préconisée par Harvey Sacks[1], mon objectif principal était d'établir principalement par quelles procédures les membres d'une société, dans une situation donnée, donnaient sens au contexte de leurs interactions.

1) Une approche descriptive.

      Par procédures j'entends ce que Harold Garfinkel a appelé "ethnométhodes", c'est à dire les méthodes des membres pour interpréter la situation et ceci "à toutes fins pratiques", pour résoudre les problèmes dans le quotidien.

      A partir de transcriptions intégrales d'enregistrements de "la parole ordinaire", le sociologue se donne comme tâche d'étudier sans a priori théoriques les interprétations que les membres eux-mêmes donnent de "ce qui se passe ici et maintenant". Il contrôle par cette "vérification" ce qu'il a pu comprendre des actions que constituent les tours de parole des locuteurs grâce à "son savoir de membre", c'est à dire la maîtrise du langage naturel.

      En effet les données brutes retranscrites donnent accès à tous les détails significatifs (les énonçés eux-mêmes c'est à dire le contenu du tour de parole, mais aussi l'intonation, le débit, les accentuations, erreurs, corrections, silences, onomatopées, bruits divers) sur lesquels se fonde l'interprétation qu'un auditeur peut faire du tour de parole précédent.

      La règle de base vers laquelle s'orientent les participants est que la compréhension d'une action est exposée dans le tour, Harvey Sacks a ainsi pu dire qu'une question n'est une question que s'il lui est donné une réponse. Ainsi une question à laquelle il n'a pas été répondu peut avoir été interprétée par le récipiendaire comme une question de pure forme.

      Pensons à l'échange que nous connaissons bien:

"ça va" (intonation ascendante);
"et toi" (intonation ascendante).

      Dans ce contexte chacun sait qu'il ne s'agit pas d'une "vraie" question et que le locuteur ne demande pas vraiment des nouvelles de la santé de son auditeur, en conséquence une réponse circonstanciée apparaîtrait dans cette situation comme "non pertinente" interactionnellement parlant.

      Harvey Sacks s'est intéressé aux structures formelles de la conversation sur la base d'une sociologie analytique. Délaissant l'étude des catégorisations "enfermant" le savoir social tacite qui permet de construire le sens des situations, il a défendu une approche "naturaliste": les énoncés ont un statut d'actions observables accessibles à l'analyse et les méthodes de production du sens peuvent être retrouvées à partir de ce qui est enregistrable.

      Par ailleurs le tour de parole renvoie à un "ordre séquentiel" car une action est intelligible du fait de son placement dans une séquence, comme je l'ai souligné précédemment.

2) Une Analyse de Conversation appliquée.

      Bien que ne posant pas d'hypothèses préalables sur "ce qui se passe" dans un échange donné, c'est à dire quelles actions sont contenues dans les tours de parole, l'Analyse de Conversation ne néglige pas l'étude des contextes institutionnels. C'est à ce titre qu'elle peut apporter sa contribution et le fait de plus en plus fréquemment dans l'analyse des situations de travail ou de celle d'autres cultures[2].

      En s'attachant à ce que les locuteurs construisent collaborativement à travers leurs interactions, elle est susceptible de décrire comment se règlent dans ces contextes de travail (administrations, services, institutions) les tâches routinières impliquées par une mission spécifique. Il ne s'agit donc pas de nier qu'il existe un ordre institutionnel mais celui-ci doit être vu comme une construction des membres, construction qui participe de sa création, de son maintien et de son renouvellement.

      Les membres sont activement engagés dans l'interprétation des situations où ils se trouvent grâce à ce que Garfinkel a appelé leur "raisonnement pratique". L'étude des interactions verbales introduit donc à une autre approche de la "professionnalité" qui met l'accent sur la notion de compétence sociale des locuteurs et son lien avec la réalisation des tâches dans une organisation.

      En cela nous pouvons dire qu'il est question ici d'une Analyse de Conversation "appliquée" c'est à dire non vu en elle-même mais comme permettant un inventaire des pratiques dans des situations de travail spécifiques. Elle rejoint ainsi un type d'"ethnographie descriptive" si l'on veut bien accepter cette définition présente dans certains travaux d'inspiration voisine.

      Il est temps de suggérer que cette étude ou d'autres semblables, pourrait éventuellement participer d'une recherche sur les "outils techniques" d'une pratique professionnelle auprès de personnes socialement fragilisées par des troubles psycho-affectifs aux étiologies diverses.

      En effet, mon travail de description de cet outil collectif qu'est la culture organisationnelle d'une institution, a pour cadre un service d'insertion sociale et professionnelle prenant en charge au sortir des SES et des SEGPA de l'éducation Nationale, un public globalement repéré comme souffrant de déficiences intellectuelles légères.

      Cet "étiquettage" permet l'orientation de ce public hétérogène vers une structure qui se trouve à mi-chemin entre le soin, l'éducation spécialisée et la formation pré-professionnelle (non qualifiante), toutes missions devant concourir à l'insertion des personnes dans un milieu ordinaire de travail avec une reconnaissance travailleur handicapé.

      Cette reconnaissance a pour effet d'inciter les entreprises à embaucher (versement de primes, abattement de salaires, paiement d'heures de tutorat). Elle est néanmoins parfois refusée par les jeunes adultes ou leurs familles, du fait de sa portée symbolique.

      Un autre problème est le maintien du jeune dans le milieu de travail, du fait de la persistance de comportements relationnels mal tolérés par l'environnement et de la difficulté pour ces personnes de créer des liens sociaux solides.

      Il s'agit d'un public qui souffre le plus souvent du délitement précoce des relations familiales aboutissant dans un certain nombre de cas à des placements en internats, familles d'accueil, etc., du fait majoritairement, mais non exclusivement sans doute, de carences diverses du milieu d'origine (chômage et désinsertion d'un ou deux parents, mères seules, pères seuls, parents handicapés par des troubles psychiques, parents rejetants ou maltraitants, etc.). L'aide thérapeutique et éducative qui leur est apportée est assez fréquemment insuffisante ou trop tardive pour empêcher la répétition de situations d'échec.

      Je m'intéresserai néanmoins dans ce bref compte rendu plutôt comme je l'ai indiqué au versant des "réponses" institutionnelles construites dans le réel des situations vécues et non de manière formelle "sur le papier".

      En effet la définition d'une mission institutionnelle n'épuise en aucune façon la complexité des tâches menées par les professionnels dans le quotidien et la somme des problèmes pratiques qu'ils tentent de résoudre en particulier à travers leurs échanges continus.

      Ne pouvant conduire un travail d'enregistrement "permanent" rendant compte de la masse impressionnante des "communications" informelles qui interviennent dans une journée de travail, je me suis centrée:

a) sur un type de professionnels dits "de terrain", c'est à dire les éducateurs chargés des apprentissages, du suivi "scolaire" et des acquis sociaux et culturels (vie quotidienne, loisirs, démarches, etc.);
b) sur leurs échanges dans les réunions dites d'"équipe" ayant pour vocation la coordination des tâches urgentes concernant la prise en charge des personnes reçues.

      J'ai ainsi enregistré dix réunions dont 6 réunions d'équipe d'environ une à deux heures chacune, à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement (en séjour de vacances) et j'ai isolé pour chaque réunion un certain nombre de "moments de travail interactionnel" dans lesquels se traitent des thèmes (dont certains sont d'ailleurs récurrents) comme:

la tenue d'une réunion pour analyser un conflit dans l'équipe;
l'expertise d'un accident survenu lors d'une activité sportive;
l'établissement de bilans annuels (évaluations des acquis des jeunes).

      Une précision doit être apportée concernant le type d'échanges étudiés. Ceux-ci s'éloignent en effet de la conversation ordinaire sans pour autant relever d'un formalisme excessif.

      Dans la perspective retenue, sauf certains cas particuliers (rituels religieux par exemple), le degré de formalisme des échanges ne fait pas l'objet de présuppositions particulières. On doit plutôt le considérer comme "actualisé" ou non dans le cours de la parole. En effet on trouve dans toute réunion des "apartés" ludiques comme inversement dans des conversations de couloirs l'irruption de thèmes liés au travail.

      Le degré de formalisation doit donc être découvert "en situation" par l'analyse séquentielle. Notons néanmoins qu'il a un impact sur la possibilité de prendre la parole surtout dans les réunions à fort effectif de participants. Ce n'est pas le cas ici où nous avons de quatre à six participants, généralement toujours les mêmes. On peut donc parler comme le propose Graham Button de "conversations dans une série". Ces échanges réguliers sont caractérisés par "la familiarité" dont font preuve les participants. La nature "institutionnelle" de l'interaction a été souvent décrite à partir de différences systématiques par rapport à la conversation ordinaire considérée comme "l'organisation de base" de la parole.

      Dans le cas des réunions d'équipe enregistrées, la question des "particularités" qui manifesteraient le caractère "institutionnel" des échanges ne relève pas essentiellement d'une réduction ou d'une spécialisation des pratiques liées à l'organisation des tours (comme dans le cas des cours de Justice, etc.): elles sont à observer du point de vue des thèmes relatifs aux objectifs de travail et de la pertinence observable de "rester dans le sujet" donc de manifester une orientation à l'égard d'un cours d'activités principal et à travers lui au travail en cours.

      De manière à ne pas m'éloigner de la thématique générale dans laquelle s'inscrit cette contribution, j'en viens à quelques résultats de l'étude des séquences d'échanges. Ce qui nous intéresse, je le rappelle, est de comprendre comment les réalités institutionnelles sont évoquées, manipulées et même transformées dans l'interaction c'est à dire comment le contexte social se crée dynamiquement.

      Je prendrais un exemple de résultats en m'excusant à l'avance d'une approximation rendue inévitable par la nécessité de couper arbitrairement dans la densité de l'analyse.

      Analyse d'une interaction avec le chef de service:

le fragment étudié se situe au milieu de la réunion;
des demandes de renseignements concernant une tâche professionnelle, "le suivi" des jeunes reçus dans l'établissement lors de leurs stages en entreprise sont faites par Carine, éducatrice spécialisée.

      Le chef de service expose "ses vues" sur le sujet et traite un certain nombre de thèmes relatifs à sa fonction: gestion des dossiers d'admission des jeunes et autres problèmes relatifs aux financements des missions.

      Dans le corpus des données nous voyons mettre en forme par Carine une tentative de justification des tâches professionnelles, sous l'angle de la formalisation d'une mission: "le suivi". Cette activité est exemplaire des activités discursives traitant de la définition du "professionnalisme" propre à certains participants.

      On pourrait voir en présence du corpus qu'elle concerne la "détermination" de caractéristiques pertinentes pour la profession qui comprend dans l'extrait présenté un ensemble de caractérisations qui doivent être comprises comme assemblées "pour l'occasion" dans le contexte immédiat en particulier le terme "ensemble":

(Carine:)
"on avait une formation à acquérir en fait ensemble" ou
"ça demandait des échanges entre nous si tu veux"
et "ça demandait du temps pour restructurer ça"
et "et que bon c'était et qu'on trouvait que c'était intéressant de le faire ensemble".
On peut observer également que dans cet extrait, et comme il est habituel, les exposés verbaux des locuteurs dans les réunions ne sont pas interrompus ni soutenus par des marques d'étayage (hmm, oui, etc.): autrement dit il leur est accordé de garder la parole jusqu'à la fin de leur "exposé". C'est une caractéristique pertinente pour considérer que les locuteurs construisent la "formalité" des échanges.

      Dans mes données et en particulier dans celles qui concernent la réunion d'où est extrait ce fragment, ceci contraste avec la plupart des interventions longues des locuteurs. En effet dans les autres parties de la réunion ou dans d'autres réunions qui se tiennent hors de la présence du chef de service ces interventions longues sont soutenues comme dans les conversations ordinaires par des occurrences d'"avis de réception" ou de "ratification minimale" comme: "hmm", "ah oui", etc.;

      Bien que les données doivent être étudiées dans leur linéarité je m'autorise ici dans le contexte de cet aperçu restreint des méthodes et des résultats de l'Analyse de Conversation à éluder l'étude de l'intervention du chef de service demandant à la fin de l'exposé "qui c'est qui écrit?" (sous-entendu le projet dont parle Carine) pour revenir à la prise en compte que fait Carine de cette question.

      Bien que Carine prenne en compte la question du chef de service, le développement qu'elle conduit participe d'une nouvelle orientation thématique adaptée à son projet de départ (projet qui doit être entendu ici au sens de l'action posée dans sa première prise de parole - dire que formaliser le suivi demandait des échanges).

(Carine:)
"on va écrire heu chacun pour notre atelier"
et "et après on essaiera de voir si les outils corr enfin si les outils que chacun utilise permettent de construire heu quelque chose de cohérent entre les différentes différentes évaluations aussi".

      Elle répond donc de façon détournée en exposant sa compréhension de la question "qui c'est qui écrit", comme se rapportant non à une enquête que ferait le chef de service sur le participant de la réunion susceptible "d'écrire" mais sur l'organisation "technique" des écrits plus globalement. Elle met donc en évidence des caractéristiques du travail collectif faisant partie de son élaboration de ce qu'il est naturel de faire "en équipe".

      Le travail collectif est une activité typique des "éducateurs" et en tant que tel légitime leur approche de "ce qu'il doit être" en même temps que cette approche en reproduit la légitimité et la pertinence pour l'occasion et au-delà.

      Cette tâche interactive de description participe donc continuellement de ce qu'une activité typique doit être pour les professionnels et dans cette mesure le contexte immédiat (les tours de parole) participe de ce que John Heritage a appelé "renouvellement du contexte" dans un sens cette fois englobant.

      Dans quelle mesure l'étude des échanges langagiers, c'est à dire des catégories utilisées pour décrire le réel et des activités conduites par les locuteurs peut-elle nous permettre de penser le concret de la prise en charge professionnelle des personnes qui nous sont confiées, ceci est à approfondir.

      Les nombreux travaux conduits récemment par les "analystes de conversation" dans de multiples milieux de travail, sur des professions et des activités de service[3], montrent que des pratiques apparemment "triviales" et dénuées d'intérêt forment en fait le soubassement fondamental et incontournable de la réalisation des missions institutionnelles. Il semble que si nous voulons dépasser les visions "autorisées" du travail social ou de la pratique soignante nous ayons tout à gagner à privilégier le regard micro-sociologique.

 
 
Références:
1.- Sacks Harvey, "Lectures on Conversation".
2.- Boden Deirdre, "Business of talk" (organizations in action), Polity Press, Cambridge (à propos des prises en charges thérapeutiques).
3.- Wootton, A.J., "Sharings: some notes on the organization of talk in a therapeutic community", Sociology 11.
 
Felix, Catherine. 'Contribution de l'analyse de conversation à l'étude des pratiques informelles en institution: le cas des réunions d'équipe.', Esprit critique, vol.03 no.04, Avril 2001, consulté sur Internet: http://critique.ovh.org
 
 
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