Esprit critique - Revue internationale de sociologie et de sciences sociales
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Automne 2003 - Vol.05, No.04
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Hors thème
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Article
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À la croisée des démarches: Socio-anthropologie et sociologie de la vie quotidienne
Par Cédric Frétigné

Résumé:
Si le quotidien, creuset de la socialité, est supposé se décliner aujourd'hui sur le mode de la relation élective et du souci de soi, la démarche sociologique bute sur l'opacité et la labilité des pratiques qui le constituent. Pour éclairer ces pratiques signifiantes largement tues, deux auteurs contemporains préconisent des formes d'investigation empiriques radicalement différentes: l'un, Michel Maffesoli invite à l'empathie et l'acculturation; l'autre, Pierre Bouvier travaille la distanciation et la tierce position. L'article confronte ces modalités méthodologiques pour aboutir, en conclusion, au dépassement de cette alternative au profit d'un questionnement relatif à la "traduction" problématique d'expériences singulières d'altérité auxquelles et le sociologue de la vie quotidienne et le socio-anthropologue se trouvent confrontés.

Auteur:
Cédric Frétigné, Docteur en Sociologie.


Le quotidien, creuset de la socialité

          En pointant les mouvements qui travaillent en profondeur le social, les "révolutions minuscules" qui chevillent au corps la modernité, Georges Balandier offre, dans ses Anthropo-logiques, une lecture du lien social contemporain agréablement suggestive. Dans l'avant-propos à l'édition de 1985 (p17), il argumente notamment que "tout se joue de moins en moins sur le terrain des institutions et de plus en plus sur celui de la socialité et des initiatives microlocales". C'est dire combien le sociologue est invité à défricher de nouveaux "terrains", à s'approprier de nouvelles méthodes et, plus généralement, à renouveler son approche du monde social.

          Singulièrement, l'attention portée aux productions d'historicité individuelle et collective, l'effort consenti pour saisir les marques de l'hédonisme, de la sociabilité locale, du souci de soi ou encore de l'investissement dans la sphère privée pose au chercheur la question de la démarche et des outils d'investigation empirique. Le corpus méthodologique dont dispose le sociologue s'accorde-t-il à la saisie du monde vécu des acteurs sociaux et permet-il d'en restituer adéquatement les modalités d'expression? Tout le problème des sciences sociales est toujours, ainsi que le posait Alfred Schütz (1987, p52), "l'élaboration d'une méthode permettant de traiter avec objectivité la signification subjective de l'action humaine, ainsi que le respect de la congruence des objets de pensée du sens commun formés par les hommes dans leur vie quotidienne pour s'accommoder de la réalité sociale". Mais, au double défi méthodologique pointé par Schütz - appréhension objective du sens (subjectif) des actions humaines et restitution non dénaturée, dans le discours scientifique, des catégories de pensée du sens commun -, la configuration actuelle des pratiques signifiantes (labilité et opacité) ajouterait aujourd'hui une difficulté majeure: éclairer une "centralité souterraine" largement tue.

          Deux approches contemporaines actualisent l'intuition simmelienne (1996) de l'importance du "secret" dans la vie sociale ordinaire et apportent des éléments de réponse au défi méthodologique que pose sa saisie. Michel Maffesoli interroge les nouvelles figures de la socialité, le souci d'un présent vécu collectivement, et enregistre l'émergence d'un néo-tribalisme. Pierre Bouvier, quant à lui, observe les marques de la sociabilité, la généalogie des pratiques et les ritualisations au cours desquelles s'affermit du sens collectif. Tous deux interrogent ce quotidien, creuset de la socialité, qui primerait aujourd'hui selon Balandier les impératifs institutionnels. Mais leurs approches diffèrent quant au mode d'appréhension du monde vécu. Là où le sociologue de la vie quotidienne cultive l'empathie, voire l'intropathie, et conseille la fusion et l'acculturation par observation participante active, le socio-anthropologue des sociétés industrielles défend l'heuristique de la distanciation, de l'immersion par occupation d'une tierce position[1].

Les tribus contemporaines

          Selon Maffesoli, la sensibilité collective (la socialité) postmoderne se caractérise par un certain déclin de l'individualisme et une résurgence de l'idéal affectif de la proxémie[2]. L'expression contemporaine de phénomènes communautaires contredirait les discours et les pratiques, fonctionnels, impersonnels, interchangeables et réveillerait l'"émotionnalité de l'être ensemble" (Maffesoli, 1996, p135). Le retour aux solidarités traditionnelles, le développement des fêtes de quartier, l'essor des associations caritatives de proximité, l'extension des échanges non marchands (trocs, entraides de voisinage) offriraient une résistance collective à la représentation atomiste des relations sociales. Ni électron, particule élémentaire fonctionnelle de la société, ni entité indistincte du reste des membres de la communauté, le sujet postmoderne s'ancre, à suivre Maffesoli, à des collectifs multiples et éphémères, joue un rôle plus qu'il n'occupe une fonction (1991, p117).

          Dans cette optique, l'idéal de la Gemeinschaft, de la proxémie, féconde des configurations sociales "néo-tribalistes". La métaphore - prend toutefois soin de préciser Maffesoli - a valeur heuristique; elle est un outil mis au service de l'analyse et non une réalité en soi. Il convient ainsi de prêter attention à ce qui sépare la tribu des anthropologues de celle des sociétés postmodernes. Par exemple, une grande instabilité singulariserait les "nouvelles" tribus, spécificité qui les éloignerait du tribalisme des sociétés dites primitives fortement enracinées dans la tradition. "Il est bien entendu, note Maffesoli (1991, p15), que tout comme les masses sont en perpétuel grouillement, les tribus qui s'y cristallisent ne sont pas stables, les personnes composant ces tribus pouvant évoluer de l'une à l'autre." Cependant, l'instabilité constitutive de la "tribu" postmoderne, l'adhésion éphémère, ne freinerait nullement l'investissement affectif de ses membres et leur participation motivée. L'appartenance momentanée mais choisie compenserait très largement, sur les plans affectif et axiologique, l'appartenance à vie, complète, mais aussi subie des membres de la tribu traditionnelle. Et c'est précisément sur la forte cohésion groupale qu'entend insister Maffesoli lorsqu'il convoque la métaphore tribale. Par l'usage du mot "tribu", il entreprend d'éclairer "l'aspect 'cohésif' du partage sentimental de valeurs, de lieux ou d'idéaux qui à la fois sont tout à fait circonscrits (localisme) et que l'on retrouve sous des modulations diverses, dans de nombreuses expériences sociales" (1991, p35). En dernière instance, le sentiment d'appartenance à un collectif de type tribal reposerait sur une "éthique spécifique" et trouverait son expression dans le cadre d'un "réseau de communication".

          L'appréhension de groupes microlocaux décrits comme en perpétuel fusion-fission, peu ou pas institutionnalisés, soulève un problème méthodologique de prime importance. Comment saisir une socialité dont le propre est, logiquement sinon empiriquement, d'être insaisissable? Avec quels instruments d'enquête, quel outillage conceptuel détecter et rendre compte de comportements informels et de pratiques pour une large part soigneusement soustraits à l'observation exogène? En réponse au désarroi des chercheurs "bluffés" par la socialité, Maffesoli préconise d'abord d'abandonner toute prétention théorique holiste. Dans la foulée, il invite à repousser les appareillages méthodologiques de plus en plus sophistiqués qui se montrent, de fait, totalement inopérants à capturer une réalité fuyante. Que propose-t-il en contrepartie de la mise au rebut des techniques classiques? "Ne vaudrait-il pas mieux 'en-être'" interroge-t-il et répondre à la ruse (sociale) par la ruse (sociologique), à la labilité par une souplesse méthodologique? L'empathie pour méthode, des "mini-concepts" à portée limitée, des notions plutôt que des "évidences établies" pour outils d'analyse nous préserveraient des rationalisations, de la torsion et du sacrifice des faits à l'autel du modèle explicatif totalisant. L'appareillage méthodologique soft, portatif et facilement modulable, serait "le gage d'une attitude d'esprit qui entend rester au plus près de la marche cahotante qui est le propre de toute vie sociale" (1991, p15).

Participation / distanciation?

          Maffesoli et Bouvier partagent avec Balandier cette idée que la trame des relations sociales se joue de plus en plus hors du cadre institutionnel. La saisie, délicate, des formes de l'être-ensemble qui échappent à la légalité et à la légitimité institutionnelles (socialité) nécessite, selon Maffesoli, une démarche empathique et un outillage méthodologique et conceptuel malléable, multidimensionnel qui "[puisse] permettre la compréhension, dans le sens fort du terme, de cette multiplicité de situations, d'expériences, d'actions logiques et non logiques qui constituent la socialité" (1991, p16). La démarche "socio-anthropologique" développée par Bouvier prend, à ce niveau, le contre-pied de l'optique maffesolienne. En un mot, la distanciation, comme "facteur cognitif" est ici revendiquée.

          En creux d'abord, la participation active, l'implication, l'empathie sont présumées mères d'au moins trois vices: l'un éthique, l'autre méthodologique et le dernier plus "technique". La première réserve, d'ordre éthique et déontologique, pose les jalons d'une interrogation incontournable: l'"observation participante" aboutirait fréquemment à une démarche analytique de "prise de parole au nom de" ou d'essai de résolution de problèmes sociaux "en faveur de" l'ensemble populationnel étudié. Au fil du temps, l'investigation par participation, choix méthodologique raisonné, s'accompagnerait d'une identification idéologique, "tribalisation" ou assimilation de l'observateur qui amalgamerait alors dans sa pratique les rôles de sociologue, d'acteur et de réformateur social. Le second travers annoncé porte sur les conditions de réussite de l'enquête. Bouvier (1995, p93) constate que "la capacité participative et opérative devient la clé de la compréhension du social". En dernier ressort, le succès de la recherche reposerait sur une concordance de subjectivités, celle de l'enquêteur et celles des enquêtés. Suffit-il d'"en-être" pour mieux comprendre, s'interroge Bouvier? Troisièmement enfin, les populations locales assigneraient une identité à l'observateur participant. Ce dernier occuperait une "fonction particularisée" dont Bouvier (1989, p41) note qu'elle limiterait ses possibilités d'observer et tendrait finalement à le "corporatiser" sinon à le "tribaliser".

          En plein ensuite, la distanciation, au contraire de la participation active, limiterait l'interactivité aux seules rencontres nécessaires à la recherche. L'irréductibilité des positions respectives de l'enquêteur et des enquêtés serait clairement affirmée et revendiquée, la croyance onirique en un possible rapport fusionnel, par implication complète, étant battue en brèche. Dans le cadre d'une observation in situ, le sociologue doit, selon Bouvier, occuper une tierce position, "instituer un rapport [...] à partir d'une altérité et non d'une plus ou moins forte identification" (1989, p45). Dans la position qui est la sienne, il gagnerait à observer une "distanciation relative et [d']une empathie construites sur la différence et l'altérité" (1989, p46)[3].

          Pratiquement, la saisie des marques de l'informel, des faits endogènes, des solidarités aphones ou encore des sociabilités erratiques appellerait la constitution d'un corpus méthodologique souple, à plusieurs "entrées". Sur ce point, Bouvier rejoint Maffesoli. Mais si tous deux précisent qu'il faut "ruser" avec la socialité naissante, les sociabilités introverties, secrètes, Bouvier "ruse" d'une manière qui lui est propre. Il énonce par exemple que "derrière la dispersion, l'événementiel ou l'anecdotique peuvent être appréhendées ces données qui permettent d'isoler un construit, d'établir la cohérence d'un ensemble populationnel" (1995, p135). C'est dire si l'opacité des pratiques, l'apparente inorganisation ou encore l'impression de futilité, d'inconstance des "petits riens" du quotidien sont à interroger par le socio-anthropologue, dans sa quête de sociabilités porteuses et donneuses de sens. D'un point de vue formel, les techniques utilisées par le socio-anthropologue de la société industrielle (Bouvier 2000, chap3) sont pour certaines classiques en sociologie, entretiens approfondis, semi-directifs et non-directifs; courantes en ethnologie, immersion de longue durée avec tenue quotidienne d'un journal de bord; familières à l'historien, consultation des productions autoscopiques tant individuelles (correspondance, autobiographie, récit de vie, chansons) que collectives (tracts, cahiers de doléances, programmes, ouvrages). Le croisement des méthodes historiques, sociologiques et ethnologiques est, quant à lui, plus novateur et ambitieux.

La cohérence d'ensembles populationnels

          Dans le cadre de la problématique des rapports des hommes à leurs quotidiennetés, le concept d'"ensemble populationnel cohérent" forgé par Bouvier (1995, p119) désigne "l'entité où se constitue, se cristallise et s'argumente du sens collectif". Ce construit sociologique[4] est, dans sa présentation originaire, lié à l'étude des sociabilités et des rites du travail. Les permanences enregistrées dans les façons de faire et de penser la tâche à accomplir et les fonctions assignées aux uns et aux autres se doubleraient, dans le vocabulaire de Bouvier, de sociabilités et de rituels dits d'"accoutumance", de "braconnage" (esquives, compensations). Ces ritualisations, produits de construits "pratico-heuristiques"[5] qui aiguillonneraient la pratique quotidienne, sont présentés comme des guides d'action et de pensée générant du lien social porteur de sens. À suivre le socio-anthropologue, ce sens dégagé, ces catégories de jugement et d'action induisent une "osmose sociale" qui perdure hors des temps et du cadre productifs. Les savoirs techniques, cognitifs et symboliques ("bloc de référence") souderaient le collectif de travail et façonneraient les temps de l'hors-production. Et c'est sur ce double registre - solidarité professionnelle au sein de l'entreprise, solidarité maintenue par le partage des catégories expérientielles et symboliques dans les temps non professionnels - que se constituerait la cohérence de l'ensemble populationnel (productif). Cette cohérence, résume Bouvier (1989, p49), "s'appuie sur les tenants pratico-heuristiques du bloc de référence mais également sur l'interaction entre le travail et sa périphérie, plus précisément sur ce en quoi l'hors-production relève toujours du travail et de sa quotidienneté".

          Pour Bouvier, la portée heuristique du concept d'ensemble populationnel se prolonge au-delà même du domaine du "productif" et des temps sociaux de non-travail polis par la temporalité professionnelle. La perdurance de pratiques religieuses endoréiques dans les anciennes républiques de l'URSS que confirme la résurgence immédiate de l'Eglise orthodoxe dès après l'effondrement du communisme; la cristallisation autour d'un discours nationaliste de solidarités "ethniques" dans l'ancienne Yougoslavie, exemplifiée par les mouvements irrédentistes serbes; les expressions de l'entre-soi communautaire de minorités basques ou corses dont les "vagues" d'attentats perpétrées par les organisations indépendantistes (ETA, FLNC canal historique) nous rappellent la détermination combattante - autant d'exemples de "causes" qui donnent une cohérence à des ensembles populationnels et qui témoignent de la vigueur de mouvements populaires mis sous l'éteignoir par les instances dirigeantes.

          La surprise et l'effroi qui accompagnent les retours de la "barbarie nationaliste" et du "fanatisme religieux" pré-moderne sous les feux de l'actualité s'expliqueraient finalement assez aisément par le manque d'intérêt (et donc la méconnaissance) manifesté par les analystes du social pour ces ensembles populationnels en période dite de faible activité. Au vrai, procéder uniquement à l'analyse de mouvements prétendument vecteurs d'une dynamique sociale ou garants d'une visibilité médiatique forte conférerait au réductionnisme et à la cécité scientifiques[6]. Les quelques exemples mentionnés ci-dessus, extraits de l'actualité tragique, en offriraient une parfaite illustration. Subséquemment, les "connotations effectives, sourdes, endoréiques" (Bouvier, 1995, p132), les sociabilités tenues et opaques de l'entre-soi des mouvements millénaristes et des sectes seraient également inétudiées aussi longtemps que le passage à l'action criminelle (secte Aoun au Japon) ou suicidaire (adeptes de l'Ordre du Temple Solaire) ne serait pas avéré.

          La vie quotidienne "ordinaire" est, elle aussi, riche de sens collectif qu'un regard cursif ignorerait trop facilement. L'intérêt de la démarche socio-anthropologique serait alors d'interroger ces activités quotidiennes que les acteurs eux-mêmes présentent comme dépourvues de sens, sous peine d'être moqués ou découverts dans leur être profond. Au-delà de l'exutoire ou du simple défouloir, ces pratiques auraient une vertu structurante: elles tresseraient du sens collectif et individuel. Bouvier (1995, p133) synthétise ce propos en notant qu'il est temps "d'affirmer et de poursuivre au plus près une problématique: celle des pratiques et des représentations endoréiques constitutives de la perdurance ou de l'émergence d'ensembles significatifs au sein même de l'hétéronomie".

Conclusion

          Sociologie de la vie quotidienne et socio-anthropologie affûtent concepts et méthodes dans un but commun: la saisie des rites individuels et des scénographies collectives qui circonscrivent la vie de tous les jours et suscitent du sens. Pour autant, autour de ce quotidien, point de croix du maillage théorique, les modalités d'investigations empiriques divergent. L'empathie d'un côté, la distanciation de l'autre, offrent deux postures antinomiques, a priori inconciliables. Cette opposition, semble-t-il, relève toutefois plus de la contradiction formelle que de l'incompatibilité réelle.

          Dans sa quête du présent vécu, le sociologue tient essentiellement du bricoleur. Il rafistole des données éparses, emmagasine une série de détails et doit s'adapter aux réalités mouvantes de son terrain: il ne saurait canoniquement faire l'impasse sur l'une ou l'autre des deux démarches. Commentant le Journal d'ethnographe de Bronislaw Malinowski, Clifford Geertz (1996, p81) invite très clairement à dépasser l'alternative: "Il y a beaucoup d'autres éléments que le plongeon dans la vie indigène, précise-t-il, lorsque l'on veut fonder un travail ethnographique sur l'immersion totale. [...] Le problème ne consiste pas à devenir indigène. La question consiste à vivre une existence multiple: naviguer en même temps sur plusieurs océans". Pour le socio-anthropologue et le sociologue de la vie quotidienne, le problème est essentiellement, pourrait-on ajouter, d'expérimenter les vicissitudes de la médiation "littéraire" et de traduire, avec des mots, une expérience singulière d'altérité (Clifford 1996).

Cédric Frétigné

Notes:
1.- Si, bon gré mal gré, un certain nombre d'auteurs raisonnent en ces termes (distanciation/participation), ils répugnent généralement à figer l'opposition. Citons, parmi eux, Verret (1995, p149) qui associe, comme autant d'étapes d'une même recherche, des temps de participation et des temps de distanciation.
2.- Hall (1971, p13) précise que le néologisme "proxémie" désigne "l'ensemble des observations et théories concernant l'usage que l'homme fait de l'espace en tant que produit culturel spécifique".
3.- Pour une position plus nuancée sur les rôles et les degrés d'implication du chercheur, on se reportera à Lapassade (1991, p23-44). De leur côté, les études réunies par Lourau (1988) invitent à discuter l'opposition, terme à terme, de la participation et de la distanciation.
4.- Construit sociologique dont on trouvera les prémices dans Bouvier (1983, 1984).
5.- "Un 'construit pratico-heuristique' s'établit à partir du moment où l'on a observé que le côtoiement de pratiques induit un sens spécifique pour les acteurs individuels et commence à être désigné comme tel par les intéressés", (Bouvier, 2000, p76).
6.- Maffesoli (1979, p99) s'attache, lui aussi, à "comprendre la résistance souterraine mais tenace face aux impositions mortifères des idéologies officielles".

Références bibliographiques:

G. Balandier, 1974, Anthropo-logiques, Paris, Livre de poche, 1985.

P. Bouvier, 1983, "Pour une anthropologie de la quotidienneté du travail", Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. LXXIV.

P. Bouvier, 1984, "Perspective pour une socio-anthropologie du travail", Sociétés, no2.

P. Bouvier, 1989, Le travail au quotidien. Une démarche socio-anthropologique, Paris, PUF.

P. Bouvier, 1995, Socio-anthropologie du contemporain, Paris, Galilée.

P. Bouvier, 2000, La socio-anthropologie, Paris, Armand Colin.

J. Clifford, 1988, Malaise dans la culture. L'ethnographie, la littérature et l'art au XXe siècle, Paris, énsb-a, 1996.

C. Geertz, 1988, Ici et là-bas. L'anthropologue comme auteur, Paris, Métailié, 1996.

E. T. Hall, 1966, La dimension cachée, Paris, Le Seuil, 1971.

G. Lapassade, 1991, L'ethnosociologie. Les sources anglo-saxonnes, Paris, Méridiens Klincksieck.

R. Lourau, 1988, Le journal de recherche. Matériaux d'une théorie de l'implication, Paris, Méridiens Klincksieck.

M. Maffesoli, 1979, La conquête du présent. Pour une sociologie de la vie quotidienne, Paris, PUF.

M. Maffesoli, 1988, Le temps des tribus. Le déclin de l'individualisme dans les sociétés de masse, Paris, Le livre de poche, 1991.

M. Maffesoli, 1993, La contemplation du monde. Figures du style communautaire, Paris, Le livre de poche, 1996.

A. Schütz, 1987, Le chercheur et le quotidien, Paris, Méridiens Klincksieck.

G. Simmel, 1908, Secret et sociétés secrètes, Saulxures, Circé, 1996.

M. Verret, 1995, Chevilles ouvrières, Paris, Les Editions de l'Atelier/Editions Ouvrières.


Notice:
Frétigné, Cédric. "À la croisée des démarches: Socio-anthropologie et sociologie de la vie quotidienne", Esprit critique, Automne 2003, Vol.05, No.04, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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