Esprit critique - Revue internationale de sociologie et de sciences sociales
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Été 2003 - Vol.05, No.03
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Dossier spécial
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Article
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Considérations sur le statut du discours sociologique
Par Stéphane Hampartzoumian

Résumé:
Posant que la sociologie est un discours particulier constitué autour d'un objet particulier, à savoir la réalité sociale, il s'agit de s'interroger sur la particularité de ce discours qui porte sur la réalité sociale, ce qui revient à poser la question de la scientificité d'un discours. Au regard de la pratique scientifique, il apparaît que la scientificité d'un discours réside principalement dans sa conformité à des normes d'exposition, qui en dernier lieu ont vocation à organiser la mise en débat des discours.

Auteur:
Stéphane Hampartzoumian est chercheur au Centre d'Études sur l'Actuel et le Quotidien (CEAQ).


          La fondation de la scientificité de la sociologie par Émile Durkheim (1990) passait par la reconnaissance de son objet propre, le fait social, objet qu'il a fallu arracher aux autres champs disciplinaires. Aujourd'hui, la légitimité de la sociologie étant acquise, son objet se fait plus labile, disons qu'il y a consensus pour dire que la sociologie est un discours qui porte sur le social, sans trop préciser ce qu'est le social. Je voudrais m'attarder sur la question du statut du discours sociologique.

          Qu'est-ce que l'on fait en faisant de la sociologie? Qu'est-ce que c'est que faire de la sociologie? Que fait la sociologie? Voilà une série de questions, trop souvent esquivées pour ne pas être essentielles et trop essentielles pour être davantage esquivées, questions auxquelles chaque sociologue est tenu de répondre, de s'acquitter. J'essayerai d'apporter une réponse, une réponse particulière à cette question générale, une réponse probablement discutable, partielle et partiale, mais plus encore que notre réponse, ou bien qu'une réponse, ce qui semble important, indiscutable, c'est la nécessité pour la sociologie de poser, d'imposer non pas une définition, mais la question de sa définition. Cette question est une question à laquelle chaque sociologue est tenu de répondre, puisque cette réponse sous-tend l'ensemble de son activité.

          Cette interrogation de fond, cette interrogation fondamentale me semble un préalable indispensable à toute énoncé sociologique, aussi il convient de l'ex-poser clairement.

          Qu'est-ce que la sociologie? La sociologie c'est d'abord un mot, un néologisme qu'invente Auguste Comte en 1830 pour traduire l'expression de physique sociale, cette science encore à venir qu'il entend fonder. Étymologiquement, le mot est construit à partir de l'association du radical socio- et du suffixe -logie, ce qui voudrait dire que la sociologie est un discours sur le social. Cette signification étymologique du mot sociologie offre d'emblée une réponse à la question: elle ébauche une piste étymologique selon laquelle on peut dire que la sociologie est un discours sur le social. Il s'agit maintenant de mesurer toute la portée de cette affirmation.

          Dire que la sociologie n'est qu'un discours, cela veut dire qu'elle n'est ni une chose, ni un acte, cela veut dire que la posture du sociologue n'est jamais que la posture de celui qui parle ou écrit pour tenir un discours, que la posture sociologique ne tient que par le discours. Cela veut dire aussi qu'être chercheur en sociologie consiste essentiellement à chercher un mot, un concept, une théorie pour dire la réalité sociale. "Trouver les mots pour dire notre temps" (Maffesoli, 2000, p.III), voilà à quoi peut se résumer la vocation du sociologue.

          Un discours certes, mais un discours qui se caractérise par un objet spécifique, puisqu'il porte sur un objet qui lui est propre et qui ne saurait se confondre avec celui du discours historique (le passé), ethnologique (l'ailleurs), ou psychologique (l'individu). Il est surprenant de constater comment chaque élément de réponse provoque immanquablement de nouvelles interrogations, car dire que la sociologie est un discours SUR le social implique de se demander quel est le sens de cette préposition, à quelle hauteur (distance) doit se placer le discours sociologique pour disserter sur la réalité sociale.

          Il serait opportun d'exposer ici les différentes méthodes d'enquête que la sociologie a patiemment élaborées au fil de son histoire, pour arrimer solidement le discours sociologique à une réalité sociale, à un objet, à un terrain. Les méthodes sociographiques ont tenté de résoudre la double contrainte méthodologique qui écartèle le discours sociologique, celui-ci se trouve en effet déchiré entre d'une part un impératif de rupture: le discours sociologique ne peut pas se contenter de répéter le discours social, et d'autre part une nécessaire soudure avec la réalité sociale: le discours sociologique doit bien porter sur la réalité sociale. Le discours sociologique doit sans cesse naviguer entre deux écueils, le Charybde de se perdre dans son objet et le Scylla de perdre son objet.

          L'objet du discours sociologique est incontestablement un élément déterminant dans la définition de la sociologie, il n'est cependant qu'un élément parmi d'autres. Aussi je vais me détourner de l'objet de ce discours pour me tourner vers la nature de ce discours. Le discours sociologique est animé par une vocation qui le distingue des autres discours portant sur le social, comme le discours littéraire ou politique par exemple. Autre discours, autre vocation, dirait Max Weber. Cette vocation du discours sociologique, c'est celle de vouloir obstinément produire un savoir sur le social, c'est là sa prétention scientifique. On pourrait très bien parler d'une sociologie qui ne s'encombre pas du souci de sa scientificité et flirte sans honte avec la littérature ou bien la philosophie, deux lieux du discours où la scientificité n'est pas une question obsédante, mais il n'en demeure pas moins que cette question de la scientificité du discours est une question importante, une question véritablement structurante pour la sociologie.

          Il s'agit donc de chercher à répondre rapidement à cette question dérivée de la précédente, de répondre à cette seconde question impliquée par la première. Dans cet emboîtement de questions gigognes, je chercherai à répondre à la question de la scientificité pour tenter de mieux répondre ensuite à la question de ce qu'est la sociologie.

          Il convient, dans un premier temps, de commencer par s'arracher à la représentation sociale naïve, mais persistante d'une science lieu de la vérité. La science n'est pas le lieu de la vérité, elle est seulement le lieu de l'exactitude, ce qui est sensiblement différent. Il faut renoncer à cette vision quasi religieuse selon laquelle le discours scientifique serait le lieu d'énonciation, le lieu d'annonciation de la vérité. Le sociologue n'est pas celui qui vient révéler la vérité du social.

          Le discours scientifique n'est ni un discours vrai, ni un discours de vérité, car le discours de vérité relève de la religion et vouloir que le discours scientifique soit un discours de vérité, c'est vouloir faire de la science une religion, et entretenir par là la confusion.

          Cette idéalisation du discours scientifique, quoiqu'intenable, habite profondément l'imaginaire collectif. L'épistémologie, qui précisément est le discours qui traite de la scientificité des discours, permet de refuser et de réfuter catégoriquement cette vision fantasmagorique de la science.

          Les travaux de Thomas Kuhn, entre autres, permettent de mesurer combien l'histoire des sciences n'est pas la longue et patiente conquête de la vérité, mais plutôt une incessante et tumultueuse guerre de paradigmes entre d'une part la tradition et d'autre part l'innovation, ce que Thomas Kuhn nomme respectivement la science normale et la science révolutionnaire (Kuhn, 1995, p.204).

          Et dans ce débat intellectuel, Thomas Kuhn prend soin de nous mettre en garde: "Chacun peut espérer convertir l'autre à sa conception de la science et de ses problèmes, aucun ne peut espérer prouver son point de vue. La concurrence entre paradigmes n'est pas le genre de bataille qui puisse se gagner avec des preuves" (Kuhn, 1995, p.204).

          "En vérité je vous le dis" est l'expression consacrée du prophète, non pas du chercheur, la science n'est pas le lieu de la certitude, au contraire elle est le lieu même du doute: ce fameux "doute hyperbolique" que depuis les Méditations cartésiennes (1641) apparaît comme une condition de possibilité du discours scientifique.

          Je propose de considérer qu'un discours scientifique n'est ni vrai ni faux, mais qu'il est seulement valide ou invalide. En effet, la scientificité d'un discours ne réside pas dans ce qui est énoncé, mais dans la modalité même de son énonciation. Ou, pour le dire autrement, ce qui fait la scientificité d'un discours c'est moins sa matière que sa manière. Disons que la scientificité d'un discours se mesure essentiellement dans sa capacité à respecter, à se conformer à des règles spécifiques de production du discours.

          Aussi curieux que cela puisse paraître, c'est plus la procédure du discours et moins le contenu qui détermine sa nature scientifique.

          Il existe un petit livre assez troublant qui pousse jusqu'à l'absurde le formalisme du discours scientifique, il s'agit du livre de l'écrivain Georges Perec (Perec, 1991). Dans ce livre parodique, l'auteur accumule ironiquement tous les signes de la scientificité (diagrammes, références, bibliographie, citations, notes en bas de page...), le discours se trouve alors dissous dans sa propre procédure d'énonciation, il est réduit à un pur exercice de style, où la forme écrase le fond, il produit ainsi un discours qui ne dit rien, qui ne dit rien de plus que sa forme. Le texte respecte scrupuleusement les règles formelles de la scientificité, mais reste étrangement creux, étrangement muet, si ce n'est que cette pantomime du discours savant permet à l'auteur de dévoiler avec humour le principe même de l'écriture scientifique: son formalisme.

          Essayons à présent de dégager non pas les règles de la méthode en sociologie, mais bien les règles du jeu régissant la scientificité du discours sociologique à l'intérieur du monde vécu des sociologues.

          L'expression du travail scientifique d'un chercheur se traduit essentiellement par la publication régulière d'articles scientifiques dans des revues scientifiques. Il faut savoir qu'une revue scientifique se caractérise par le fait qu'elle possède un comité scientifique de lecture apte à sélectionner les textes à publier, il faut savoir aussi qu'un article est scientifiquement validé seulement à partir du moment où il est retenu pour être publié dans une revue scientifique. C'est donc, dans ces conditions qu'un chercheur est reconnu comme chercheur, si et seulement si il parvient à faire publier ses articles dans une revue scientifique.

          Se pose alors la question de savoir ce qui est déterminant pour pouvoir être publié dans une revue scientifique?

          Bien entendu, l'article doit avoir un intérêt, l'objet de l'article doit s'inscrire dans la hiérarchie non dite des objets dignes de faire l'objet d'un article: il vaut mieux être en accord avec la sensibilité théorique de la revue, etc. Mais le plus déterminant finalement, la condition absolument nécessaire sans quoi il n'y aura pas de publication, c'est d'abord de respecter strictement les consignes formelles de présentation prescrites par la revue.

          Si l'on prend une revue scientifique quelle qu'elle soit, ce qui frappe à la lecture d'un numéro, c'est que, au-delà de la variété des thèmes abordés, il y a une stricte invariance formelle des articles présentés.

          En effet, le fond peut varier, la forme reste immuable, le cahier des charges est d'ailleurs souvent indiqué explicitement sur la dernière page de la revue, (nombre de pages, nombre de signes par page, notes en bas de pages, présentation précise des références bibliographiques, résumé de tant de signes en français et en anglais...). Il semble que l'ensemble de ces impératifs formels précisant ce que doit être un article scientifique ne soit pas réductible à un problème technique visant simplement à mieux gérer les publications, il est un critère important de la recevabilité ou de la non-recevabilité d'un texte. Autant dire que les règles d'écriture réglementent l'admission ou l'exclusion dans l'espace du discours scientifique. Il est toujours possible d'écrire en s'affranchissant des règles d'écriture imposées, mais c'est alors prendre le risque de ne pas être publié dans une revue scientifique et donc ne pas être reconnu dans son activité de chercheur.

          Il me faut préciser qu'il ne s'agit pas ici de dévaloriser le fonctionnement scientifique, mais simplement de saisir en quoi consiste la pratique scientifique en acte. La procédure formelle du discours scientifique n'est pas une pédanterie gratuite, bien au contraire, elle est indispensable au bon fonctionnement de l'institution scientifique, dans la mesure où elle a essentiellement pour vocation d'organiser un cadre susceptible d'inscrire un échange intellectuel, elle vient délimiter l'espace propre du débat scientifique. La procédure formelle d'écriture du discours scientifique est donc un dispositif qui ouvre le texte au débat scientifique, et cette ouverture est essentielle.

          L'exigence de transparence qui oblige un chercheur à exposer ces sources bibliographiques et ces ressources méthodologiques est certes une contrainte formelle qui ralentit et alourdit l'écriture, mais c'est aussi une manière d'exposer le texte à une objection, à une critique, à une réfutation, et cette exposition est une condition absolument nécessaire à la scientificité de son discours.

          Disons que la soumission du discours sociologique à un ensemble rigoureux de contraintes rhétoriques est finalement une garantie de sa "falsifiabilité", selon le terme de Karl Popper (Popper, 1990, p.36).

          Si la grandiloquence est un risque du discours scientifique, elle n'est pas une fatalité. La procédure formelle est pesante et astreignante, elle n'en demeure pas moins essentielle, en ce sens qu'elle possède une fonction précise qui est de préparer, d'aménager un espace du discours, un cadre d'énonciation où peuvent se poser, s'apposer, s'opposer les discours. La procédure formelle qui formate le texte, ne garantit pas au discours sociologique son objectivité, définitivement inaccessible, pas plus qu'elle ne le débarrasse de sa subjectivité définitivement incontournable. La procédure formelle installe le discours sociologique dans l'inter-subjectivité de la communauté scientifique des sociologues. Et c'est seulement par cette installation au creux de cette inter-subjectivité, dans la reconnaissance de ses pairs et de ses pères, dans l'appartenance à la communauté des sociologues que réside la validation scientifique de son discours. Cette validation permet de distinguer le discours sociologique du simple discours social, discours non-savant.

          "Penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien si nous ne pensions pas pour ainsi dire en commun avec d'autres, qui nous font part de leurs pensées et auxquels nous communiquons les nôtres?" se demande avec une fausse naïveté le grand penseur Emmanuel Kant.

          S'il fallait préciser l'architecture de cet espace intellectuel des débats scientifiques, on pourrait imaginer un espace géométrique où chaque interlocuteur serait idéalement à égale distance du centre, le centre étant un espace fondamentalement vide, espace de circulation des discours. Tout auteur cherchant à prendre une position centrale, cherchant à occuper (dans un sens quasi militaire) le centre de cet espace, en le verrouillant avec un discours exclusif, annulerait de fait tout le dispositif. Le lieu du débat scientifique est essentiellement un lieu commun, je veux dire par là un lieu qui n'appartient à aucun et qui appartient à tous, un lieu qui n'appartient à aucun chercheur en particulier mais à tout les chercheurs en général.

          La recevabilité d'un discours dans cet espace, le fait d'être admis à parler dans cette sphère, est le principal signe de la scientificité d'un discours. L'enjeu de la scientificité du discours sociologique réside donc essentiellement dans la capacité de son auteur à respecter les règles du jeu du discours, et ce jeu est bien sûr un jeu très sérieux.

          Je dirai donc en guise de définition, d'une manière simple et presque simpliste, que la sociologie est un discours à prétention scientifique sur le social.

          On a parfois parlé de sciences molles pour désigner les sciences humaines par opposition aux sciences dites dures (ou inhumaines) telles que la physique et la biologie. À cette distinction peu gratifiante pour les sciences humaines, on choisira plutôt le label de sciences douces, qui évoque un savoir dialoguant avec son objet, qui n'est pas une pierre, ni un rat de laboratoire, mais l'homme lui-même.

          "Si les positivistes emploient l'adjectif mou pour dénoncer une certaine sociologie, les défenseurs de cette même sociologie célèbrent sa douceur" (Clignet, 1989, p.7), et revendiquent "une sociologie de la caresse, n'ayant plus rien à voir avec la griffure conceptuelle" (Maffesoli, 1996, p.22).

          Retenons donc que la sociologie est un discours qui vient questionner le social, un discours visant une connaissance et acceptant le cadre normalisé des règles d'échanges scientifiques.

          Disons que, fondamentalement, la sociologie est un discours scientifique sur le social, et ses découvertes, puisque "l'objet de toute science est de faire des découvertes" (Durkheim, 1990, p.7), ne peuvent être que de l'ordre du discours. Insistons sur le fait que le discours sociologique est second sur la réalité sociale, disons que la réalité sociale est peut-être structurée comme un langage (pour paraphraser Jacques Lacan), elle n'est pas pour autant un discours sur, elle EST tous les discours, et celle-ci demeure toujours infiniment plus riche que le plus riche des discours sociologiques. C'est d'ailleurs probablement cette incomplétude qui fait que l'analyse (sociologique) est infinie, infiniment à suivre, à poursuivre.

          J'ajoute aussi que pour une sociologie spéculative, l'important est plus de réussir à formuler une question sur le social que de parvenir à y répondre, puisque questionner le social est le véritable enjeu de son discours. Dès lors, il est absurde de s'étonner de la reprise de la question, car c'est en cela qu'il y a la réponse. Cette sociologie spéculative se démarque ainsi d'une sociologie plus positive qui voudrait liquider la question en y répondant.

          Pour conclure, j'affirmerai que la sociologie est essentiellement un discours, un discours sur le social, un discours scientifique sur le social. Faire de la sociologie, c'est écrire du texte pour essayer de dire la réalité sociale, pour essayer de décrire la texture du social.

Stéphane Hampartzoumian

Références bibliographiques:

Clignet Rémi, dans la " Préface " de Clefs pour une poétique de la sociologie, de Richard Brown, traduit par R. Clignet, Arles, Actes Sud, 1989.

Durkheim Émile, Les Règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1990, (1re publication 1895).

Kant Emmanuel, maxime de la collection Le Collège de philosophie chez Grasset, 1990.

Kuhn Thomas, La Structure des révolutions scientifiques, traduit par Meyer, Paris, Flammarion, 1995.

Maffesoli Michel, " Préface à la 3e édition " du Temps des tribus, Le déclin de l'individualisme dans les sociétés de masse, Paris, La Table ronde, 2000.

Maffesoli Michel, Éloge de la raison sensible, Paris, Grasset, 1996.

Perec Georges, Cantatrix Sopranica L, Paris, Seuil, 1991.

Popper Karl, La Logique de la découverte scientifique, traduit par N. Thyssen-Rutten et P. Devaux, Paris, Payot, 1990.


Notice:
Hampartzoumian, Stéphane. "Considérations sur le statut du discours sociologique", Esprit critique, Été 2003, Vol.05, No.03, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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