Esprit critique - Revue électronique de sociologie
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Vol.02 No.03 - Mars 2000
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Pourquoi s'efforce-t-on de laisser les sciences sociales au placard?
Par Olivier Charles

      "La sociologie, la philosophie?... tout ça, ça sert à rien et ça donne pas de boulot", c'est ce qu'on entend constamment. La majorité des français est ainsi conditionnée par les discours pro-scientifiques et anti-lettres de nos élites dirigeantes. Il est évident que les sciences dîtes dures, largement favorisées par tous les gouvernements de droite ou de gauche, tendent à enrichir le système capitaliste dans lequel nous vivons. En effet, si l'Etat finance généreusement les découvertes des chercheurs scientifiques dès l'université, ce n'est pas pour améliorer nos conditions de vie mais plutôt pour tirer du profit des dévouvertes réalisées.

      En revanche les sciences sociales (psychologies, philosophie et sociologie) sont souvent considérées comme inutiles et désuètes: certains dirigeants politiques les condamne, les étudiants en sciences humaines n'ont donc pas droit à des rénovations de leurs locaux dans les universités et ils sont fortement touchés par le chômage (plus ou moins maintenu par le fait que les politiciens ne fassent aucun effort particulier). Ainsi tout est mis en oeuvre pour que le peuple ne s'interesse pas à ces sections qui ne vont pas dans le sens d'un certain "esprit du capitalisme" (même si les étudiants sont encore nombreux à s'inscrire). La propagande est telle que, la psychologie est considéré comme une science de "guignols" (seulement de plus en plus de français consultent des psychologues), la philosophie fait rire même si elle comprend beaucoup de choses, peut-être trop), quant à la sociologie, par contre, elle fait peur. Elle fait peur aux élites dirigeantes énarques car elle décrit et comprend la réalité sociale, proposant ainsi des remèdes qui pourraient être efficaces contre certains "maux" de la société. Seulement les réformes proposés par les sociologues ne sont que très rarement suivies par nos politiciens car elle ne vont pas dans le sens d'une politique idéologique basé sur le profit mais plutôt sur la recherche d'une cohésion sociale.

      L'efficacité de la sociologie ne peut pourtant plus être contesté aujourd'hui: on fait appel aux sociologues sur tous les plateaux de télévision et dans tous les journaux digne de ce nom, les grandes organisations leur commandent secrètement des recherches et des sondages d'opinion.  Cependant nos politiciens n'ont pas intérêt à ce que la sociologie ne se développe: imaginons un pays où tous les habitants suiveraient une formation sociologique, cela aurait pour conséquence de faire naître des vagues de revendications remettant en question, non pas quelques préoccupations corporatistes, mais tout un système de pensée (une révolution en somme).

      Nos dirigeants ont évidemment peur de cette situation et rejettent délibérément les sciences sociales: la sociologie est un contre-pouvoir certain contre une pensée unique, les sciences dîtes dures peuvent donc être considérés comme "l'opium du peuple".

Olivier Charles

Notice:
Charles, Olivier. "Pourquoi s'efforce-t-on de laisser les sciences sociales au placard?", Esprit critique, vol.02 no.03, Mars 2000, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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