Esprit critique - Revue électronique de sociologie
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Vol.04 No.10 - Octobre 2002
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Numéro thématique - Automne 2002
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La sociologie à l'épreuve de la mondialisation: vers un renouveau épistémologique et méthodologique
Sous la direction de Rabah Kechad
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Articles
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Le sociologue du XXI siècle
Par Rabah Kechad

Résumé:
Dans un film de P. Carles[1], P.Bourdieu a déclaré que "la sociologie est un sport de combat. On doit s'en servir pour se défendre, mais on ne doit pas l'utiliser pour faire de mauvais coups" (C. Pardo in Manière de voir, mai-juin 2002, p.66). La sociologie, cette "science" qui a connu une histoire très particulière, est confrontée aujourd'hui à un autre temps qui n'est plus celui pour lequel elle a été créée, caractérisé surtout par l'émergence d'un nouveau paradigme où la technologie immatérielle (connaissance et savoir) est en train de prendre une dimension centrale. Les principales conditions[2] dans lesquelles la sociologie a été développée ne sont plus présentes. C'est pourquoi le sociologue est appelé à s'interroger sans cesse: cette science est-elle donc appelée à disparaître? à s'adapter? ou à faire la sourde oreille et continuer à expliquer la société d'aujourd'hui par l'héritage théorique, conceptuel et méthodologique d'hier? L'histoire de la sociologie se confond profondément avec l'histoire des sociétés humaines. Le sociologue du XXIème siècle n'est qu'une réflexion d'un sociologue soucieux sur l'avenir de cette merveilleuse science qui a dérangé tant d'esprits.


Propos introductifs: le sociologue d'hier, la sociologie d'aujourd'hui

     Définir la date exacte et le lieu de naissance de la sociologie relève du domaine de l'impossible en raison des origines philosophiques et idéologiques de cette "science" que Comte a qualifiée de "physique sociale" puis de sociologie. Le sociologue algérien Megherbi a démontré qu'Ibn-Khaldoun demeure le fondateur de la sociologie (A. Megherbi, 1977), d'autres voient en Marx le père de cette science sociale (P. Fougeyrollas, 1979).

     La sociologie est le résultat, entre autres, de la rencontre entre la philosophie sociale occidentale (Comte, Spencer, Durkeim, Marx, etc.) grecque (Platon, Aristote, etc.) et arabe (Ibn-Khaldoun).

     Depuis ses débuts, la question du métier du sociologue s'est posée: est-il un philosophe social? un penseur du social? ou tout simplement un réformateur social? Ces questions demeurent sans réponse en dépit des réflexions faites autour de cette question.

     Le sociologue a toujours essayé de répondre à des questions théoriques et pratiques complexes touchant les différents domaines: la sociologie industrielle, la sociologie rurale/urbaine, la sociologie du travail, etc. C'est ainsi que la sociologie a donné naissance à des dizaines de spécialités sans pour autant pouvoir convaincre de son utilité opérationnelle.

     La "balkanisation" de la sociologie s'est conjuguée avec la confrontation idéologique entre deux principales écoles: le marxisme et le fonctionnalisme-structuralisme. Ces conditions socio-historico-politiques ayant entouré le développement de la sociologie ont constitué ensemble l'une des principales difficultés à l'origine de l'incapacité des sociologues de fournir des théories sociologiques permettant de comprendre, d'analyser et de prévoir le déroulement des faits sociaux dans leur totalité.

     Depuis les années 80 et notamment après l'effondrement de l'ex-URSS, une nouvelle idéologie est venue rappeler à tout le monde que le marxisme pourrait être un jour qu'un souvenir et que la mondialisation n'est que le début d'un processus d'Américanisation culturelle et politique du monde. La sociologie de l'équilibre et des systèmes (T. Parsons 1973, M. Weber 1971, etc.) est venue aussi rappeler aux sociologues du monde que Marx a commis une autre erreur, celle d'avoir prévu une mondialisation de gauche alors que le monde est en train de prendre la droite.

     Aujourd'hui la sociologie est-elle en crise? qui est le sociologue du XXIème siècle: un sociologue des systèmes ou un sociologue systémique? Quel programme de formation à dispenser au sociologue, nouvelle version?

     Cet article est proposé pour tenter de réfléchir à ces questions sans pour autant prétendre fournir de réponses définitives. Cette réflexion modeste aura, peut-être, le mérite de déranger l'esprit tranquille des sociologues.

1- La sociologie face à son histoire

     L'histoire de la sociologie ne peut être détachée de l'histoire du développement des autres sciences sociales et humaines, des conditions dans lesquelles elle a pris naissance et surtout des finalités pour lesquelles elle a été créée.

     Le développement de la pensée sociologique reste lié à l'histoire de la pensée philosophique. Platon, avant les sociologues, avait déjà développé certains concepts comme: la hiérarchie sociale, le caractère moral des solidarités, la propriété, etc.[3] Aristote de son côté a évoqué la notion de l'homme social où "l'homme est par nature un animal politique"; J.J. Rousseau a mis l'homme dans un contrat social et le Maghrébin Ibn-Khaldoun (1332-1406) a laissé depuis plus de six siècles sa célèbre oeuvre: El-Mukaddima (les prolégomènes) où il a énoncé son célèbre principe "l'homme est un être social par nature". A l'instar de ces philosophes de la réalité sociale, K. Marx a développé sa pensée autour de la relation entre l'homme et son milieu naturel et social. Condorcet n'a pas dérogé à la règle d'antan en proclamant le progrès via le savoir. Pour mieux illustrer les racines philosophiques de la sociologie on reprend cet extrait de A. Cuvillier pour qui "En sociologie comme ailleurs, la pratique a précédé la théorie. Aussi les philosophes cherchèrent-ils d'abord surtout à déterminer les principes de l'organisation sociale telle qu'elle doit être. Toutefois, à leurs considérations axiologiques ou normatives, se mêle parfois un effort pour analyser objectivement les conditions de la vie en société, et c'est par là qu'ils sont parfois les précurseurs de la sociologie." (A. Cuvillier, 1950, p3).

     L'histoire de la sociologie reste liée aussi aux conditions socio-économiques et politiques de cette période (XVIII - XIXème siècles) marquée par:

  • Le début du processus d'industrialisation et l'émergence de la classe ouvrière. L'Angleterre constituait à cette époque un modèle de développement du capitalisme montant;
  • Le développement des sciences physiques, mathématiques, etc. qualifiées des sciences bourgeoises[4];
  • L'émergence d'une pensée orientée plus vers le développement d'un système politique fondé sur la démocratie et la laïcité;
  • Le début d'un processus de colonisation des peuples par les grandes puissances: la France, l'Angleterre, etc.

     C'est dans ce décor que la pensée sociologique fut développée par les différents penseurs et particulièrement A. Comte (1789-1857). En dépit de la confusion qui entoure toujours l'histoire de la sociologie, A. Comte a eu le mérite de lui avoir donné ce nom de sociologie après avoir renoncé à la "physique sociale" suite à l'apparition de l'oeuvre de Quételet intitulée "Essai de physique sociale". A. Comte a défini la sociologie comme "la nouvelle science (qui) porte sur la masse de l'espèce humaine, soit actuelle, soit passée, soit même future" (P. Arbrousse-Bastide, 1968, p.29). On peut dire donc que l'accouchement de ce fils a été fait à la césarienne dans des conditions très difficiles et contradictoires. La sociologie est le fils légitime de la contradiction sociale. A. Comte a laissé sa célèbre phrase: "les idées mènent le monde" et aussi la loi des trois états: théologique, métaphysique et enfin positif. Dans son classement des sciences fondamentales[5], il a signé l'acte de naissance de la sociologie.

     H. Spencer, fasciné par le développement des sciences biologiques en s'inspirant surtout de l'origine des espèces (1859) de Darwin a découvert que le social évolue au même titre que les organismes biologiques ou physiques. En revanche, K. Marx (1818-1883) sous l'influence de J.J. Rousseau, de Saint-Simon, de Proudhon, de Hegel et de Feuerbach a donné à la sociologie une dynamique incontestable en dépit des positions idéologiques des uns et des autres. Beaucoup d'auteurs et de penseurs, malgré leur opposition à ses idées, reconnaissent sa vocation de sociologue plus qu'économiste (voir: E. Durkheim, G. Gurvitch, etc.). H. Mendras précise à ce sujet que "le plus grand sociologue du XIXème siècle, Karl Marx, incarne la contradiction profonde de la sociologie à ses débuts. Son analyse du capitalisme anglais du XIXème siècle est certainement un chef-d'oeuvre d'analyse sociologique." (H. Mendras, 1975, p. 10).

     La pensée marxiste est venue pour rappeler aux penseurs partisans de l'évolution linaire que le changement des sociétés n'obéit pas à cette logique mais surtout à une dialectique sociale et historique. Autrement dit, c'est le mouvement qui accouche les nouvelles situations. Marx a tenté de démontrer que la prédiction du changement social est possible. Bien que les opposants à la pensée marxiste tiennent contre lui le fait d'avoir prévu que le couronnement de la lutte des classes se passait en Allemagne, or, la révolution socialiste s'est produite en ex-URSS, les faits ont démontré que l'idéologie marxiste s'est matérialisée dans une bonne partie du monde: l'Europe de l'est, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique latine, etc.

     Aujourd'hui, l'histoire du déroulement des faits mérite d'être analysée car le retour de la manivelle à l'encontre de la lecture prophétique de Marx est un phénomène méthodologique et épistémologique très intéressant à expliquer. Pour nous, Marx a servi le capitalisme en lui offrant "le capital" qui n'est qu'un diagnostic approfondi du système capitaliste. Les spécialistes du diagnostic savent bien qu'un bon diagnostic constitue plus de 50% des solutions à une situation. L'analyse de l'écroulement de l'idéologie marxiste (et non du marxisme) suite à la dislocation de l'ex-URSS démontre que le principe de Marx faisant de la base matérielle un déterminant de la superstructure (les idées, la religion, la morale, la philosophie, etc.) a été fortement respecté car les stratèges capitalistes ont agi sur l'infrastructure du bloc socialiste (en sapant sa base matérielle par l'endettement, l'économie, etc.) pour voir toute la superstructure s'écrouler. Francis Fukhuyama n'avait-il pas applaudi la fin de l'histoire?! (F. Fukhuyama, 1993). Autrement dit, l'idéologie marxiste a été combattue par sa propre arme qui n'est autre que le matérialisme historique.

     Les oeuvres de ces auteurs constituent ensemble un corpus de savoir destiné plus à l'explication de l'évolution de l'esprit scientifique de la sociologie. Aussi, cette pensée constituait déjà le début de la recherche d'une science capable d'expliquer les faits sociaux, de les prévoir et de les maîtriser. Voilà pourquoi depuis la fin du XIXème siècle, d'autres sociologues sont venus pour de la sociologie la science qui traite les phénomènes sociaux comme des choses (E. Durkheim, 1895; J. Duvignaud, 1965); d'autres maintiennent toujours l'idée inverse que les faits sociaux présentent des caractéristiques très particulières et ne peuvent jamais être considérés comme des phénomènes physiques ou mécaniques. Cette dualité entre la sociologie déterministe et la sociologie de la relativité trouve son explication dans les racines philosophiques de la pensée sociologique comme celles de Vico, Montesquieu, Tocqueville, etc. qui ont tenté d'expliquer le passé et le présent des sociétés humaines en vue de tirer des lois semblables à celles des autres sciences dures permettant de prévoir l'avenir de l'humanité.

C'est ainsi que plusieurs "sociologies" se sont constituées[6]:

  • La sociologie allemande: F. Tonnies (1855-1936), G. Simmel (1858-1918), M. Weber (1864 -1920), M. Scheler (1873-1928), A. Weber (1868-1958), K. Mannheim (1893-1947), etc.

  • La sociologie anglaise: W. Bagehot (1826-1877), Sidney (1859-1947), etc.
  • La sociologie américaine: W. Summer (1840-1910), F.H. Giddings (1855-1931), C. Horton Cooley (1864-1929), E. Ross (1866-1951), G.H. Mead (1863-1932), j. Moreno (1892-1974), etc.
  • La sociologie française: M. Mauss (1872-1950), L. Lévy-Bruhl (1857-1939), E. Durkheim (1857-1917), etc.

La sociologie est venue donc pour répondre, entre autres, aux préoccupations suivantes:

  • Analyser les retombées sociales du système capitaliste sur les travailleurs,
  • Défendre le principe de la liberté de penser et de réfléchir,
  • Développer les valeurs culturelles et humaines du capitalisme naissant,
  • Comprendre le déroulement des faits sociaux et surtout le changement social dans sa totalité.

2- Le sociologue d'hier[7]

     Le sociologue d'hier est celui qui a essayé de faire de la sociologie un métier (P. Bourdieu, J-C Chamboredon et J.C Passeron, 1973). Définir avec exactitude cette période est un exercice très difficile. Il demeure important de se situer dans le temps pour pouvoir définir le sociologue d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Si l'on se réfère à l'histoire de la naissance de la sociologie, on peut considérer la chute du mur de Berlin et l'implosion de l'ex-URSS comme le début de la fin d'une sociologie à deux têtes: l'une à l'Est et l'autre à l'Ouest[8]. Le sociologue d'hier est celui qui a tenté d'utiliser les concepts des autres sciences physiques, mathématiques, biologiques et économiques pour comprendre une réalité aussi complexe que celle de la société. C'est ainsi qu'il a mené des études monographiques, des enquêtes dites sociologiques, des études de cas, etc. Le sociologue d'hier est celui qui s'est positionné par rapport aux différentes écoles de pensée: Française, Américaine, Anglaise, etc. Ces sociologues ont passé une bonne partie de leur carrière et de leur métier à justifier l'existence de telle école de pensée ou de l'autre. Avons-nous assisté à une rencontre entre sociologues sans qu'ils s'éloignent de l'objet principal de cette rencontre pour glisser vers un débat idéologique autour de leurs écoles d'appartenance? Pour cela, beaucoup de sociologues s'interrogent toujours:- La sociologie est-elle une science? une idéologie? ou une philosophie sociale?

     Le sociologue d'hier a laissé aussi un héritage riche et diversifié: études, recherches, rencontres, etc. Ces études ont-elles permis de comprendre la réalité sociologique? La sociologie a-t-elle donné des théories sociologiques à portée universelle? Cet héritage théorique, conceptuel et méthodologique a-t-il permis de prévoir le déroulement des faits sociaux? Le sociologue a-t-il pu exercer son métier sans en être embarrassé par le politique?

     Répondre à ces questions d'une manière tranchante est une erreur méthodologique. Néanmoins, les lectures et les réactions des sociologues permettent d'avancer quelques éléments de réponse:

  • Bien que le "sociologue est désormais un travailleur comme les autres" (C. Javeau, 1976, p186), il se bat toujours pour la reconnaissance de son statut.[9]
  • Hier il existait plusieurs types de sociologues: le sociologue de la gauche qui a épousé le marxisme et le sociologue de la droite, défenseur des valeurs et des libertés du système capitaliste, etc. Les USA, considérés comme le modèle-type de la démocratie et des libertés, n'ont jamais admis l'enseignement du marxisme dans leurs universités.
  • Le discours des sociologues est mal perçu, dans beaucoup de cas, par les partisans des chiffres et des statistiques. L'imprécision des arguments du sociologue, due dans beaucoup de cas aux caractéristiques particulières d'un phénomène social, a permis aux défenseurs de la réalité quantifiée et mesurée de rejeter ce discours.
  • Le sociologue a tenté de traiter les faits sociaux comme des choses, sans pouvoir maîtriser le processus de déroulement d'un phénomène social.
  • Le sociologue était toujours confronté à l'absence de théories sociologiques permettant d'expliquer des phénomènes sociologiques dans leur totalité en vue de prévoir leur déroulement.

     Si on reprend une synthèse d'un ouvrage[10] 28 ans après sa parution, on peut disposer d'une radiographie précise du sociologue d'hier.

L'auteur pense:

  • Que la sociologie est "menacée par l'idéologie, la sociologie l'est aussi par son opposé, l'esprit doctrinaire, système de pensée qui juge la société d'un lieu extérieur à lui." (A. Touraine, 1974, p18).
  • Que "tous les sociologues souffrent en permanence de ne pouvoir être des acteurs, souffrance de tous les clercs, impuissance sans traitement et que les meilleurs surmontent en sachant être aussi des acteurs, lorsque les conflits sociaux obligent à marquer clairement sa place dans un camp." (ibidem, p.17)
  • Et aussi "la sociologie ne vit en réalité que dans les sociétés qui savent combiner la croissance économique et la critique sociale, donc un projet culturel et des conflits sociaux." (ibidem, p.19)
  • Et que le travail du sociologue "...ne peut pas être défini sans que soit reconnue la fonction de la connaissance sociologique et donc la nature des réactions de la société à cette connaissance." (ibidem, p.13).

     H. Mendras a aussi débattu de cette question depuis 27 ans. Ses idées demeurent toujours vivantes. Il suffit donc de reprendre cet extrait pour s'en apercevoir: "les hommes d'action pressent le sociologue d'être "utile" et d'aider à résoudre les problèmes d'action immédiate. L'agronome dit: "je connais les meilleures techniques agricoles, pourquoi les paysans sont-ils réticents à les utiliser?" (...) Or le sociologue ne dispose guère de recettes et encore moins de moyens de prévoir l'évolution future, ni de moyens d'agir sur l'évolution future. Plus modestement, quelques techniques sociologiques permettent de donner une description relativement satisfaisante de phénomènes restreints et limités. Or, dans ces domaines, parce qu'elles se sont révélées utiles, on croit maintenant que le sociologue est le magicien des temps modernes, capable de résoudre tous les problèmes." (H. Mendras, 1975, p.16).

     A la lecture de ce passage après plus de deux décennies, la sociologie a-t-elle évolué dans un sens lui permettant de prévoir le déroulement des faits? Le sociologue tel que décrit par les différents auteurs[11] garde-t-il le même profil? Le sociologue est-il devenu extrêmement utile au point où la société continue à le solliciter en permanence?

3- Le sociologue d'aujourd'hui

     Sans prétendre fournir de réponses complètes à ces questions[12], on peut avancer certains éléments à partir de notre propre expérience et aussi de nos différentes lectures des commentaires et des observations des sociologues[13]:

  • Les activités des sociologues restent toujours confinées dans les travaux de recherche dans le cadre des laboratoires ou centres de recherche. Etre un acteur actif et reconnu dans la société[14] demeure toujours un rêve non réalisé car "il est évident que le sociologue isolé, retiré dans sa tour, vivant de l'air du temps, n'existe pas. Ses ressources proviennent des subsides recueillis et des travaux facturés par son centre de recherches. Comme au fil des ans, l'Etat est devenu le plus grand pourvoyeur des instituts de sociologie, on peut se demander si leurs travaux ne sont pas consciemment ou inconsciemment télécommandés. Le sociologue trahirait, des lors, la société." (S. Mayence, 1982, p.87).
  • La confrontation idéologique entre les sociologues demeure toujours vivante. Les écoles de pensée classique exercent une influence importante sur les sociologues. On a vu à plusieurs reprises des sociologues qui s'expriment au nom de ces écoles.
  • L'atténuation de l'influence du marxisme sur la pensée des sociologues. On assiste à l'émergence d'une sociologie néo-marxiste qui tente de s'adapter à un autre environnement international dominé par le système capitaliste et la culture américaine.
  • La sociologie dans beaucoup de pays sous-développés garde toujours un statut de science sociale sans aucun intérêt ou tout simplement une philosophie casée dans des départements sans lui accorder un statut particulier.
  • Au plan méthodologique et conceptuel, les sociologues d'aujourd'hui continuent toujours d'utiliser l'héritage méthodologique: les enquêtes sociologiques, les études de cas, les monographies, etc. Ainsi la distinction entre le sociologue empiriste rattaché à l'école américaine et le sociologue théoricien rattaché à l'école française demeure toujours en vigueur.

     Le sociologue d'aujourd'hui oscille entre deux situations: celle d'hier agissant comme un militant de la pensée sociologique par un esprit analytique et critique, et celle d'aujourd'hui dont les données sociologiques, culturelles, politiques et même géographiques ne sont plus les mêmes.

     Dans un autre monde re-configuré par une autre carte géographique et une autre culture et caractérisé par le développement extraordinaire des moyens de communication et d'information, le sociologue d'hier est-il capable d'assimiler ces changements pour les expliquer? L'appareil conceptuel d'hier permet-il de comprendre les phénomènes sociaux d'aujourd'hui[15]? Les faits sociaux d'aujourd'hui peuvent-ils être analysés par la méthodologie d'hier?

4- Le sociologue du XXIème siècle: cas de comparaison entre le management et la sociologie des organisations

     Le sociologue du XXIème siècle est la synthèse de nos analyses précédentes. Afin d'éviter d'être superficiel dans notre réflexion, on a préféré prendre le sociologue des organisations comme cas d'étude permettant ensuite de débattre de la question du sociologue en général.

     Le sociologue de ce siècle se trouve dans un autre décor complètement différent de celui d'hier. En plus de ce monde complexe que les différents auteurs qualifient de monde incertain, le sociologue se trouve toujours obsédé par cette question de comprendre les faits, de les analyser et de les prévoir. En plus de cette question lancinante, le sociologue est appelé toujours à justifier l'utilité de son intervention et surtout de convaincre de son utilité opérationnelle[16].

     Prenons le cas du sociologue des organisations.

     La sociologie des organisations est plus ancienne que le management. Ce dernier s'est largement inspiré des sciences sociales et surtout de la sociologie des organisations. Comment peut-on expliquer donc que le management, après un siècle d'existence, a pu se forger un statut imposant dans presque la majorité des pays du monde?

     De notre étude (R. Kechad, 2000) et de nos différentes lectures en sociologie des organisations et en management, on peut avancer les raisons suivantes:

  • La sociologie des organisations, au même titre que les autres branches de la sociologie générale, s'est confinée dans son cadre théorique sous prétexte que sa mission consiste uniquement à comprendre les organisations et à les expliquer, le reste est l'affaire du dirigeant de l'entreprise.
  • Par contre, le management a su concilier entre l'héritage théorique et la portée opérationnelle. Par conséquent il s'est orienté davantage vers l'action. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le management et la sociologie des organisations partagent le même héritage théorique. Au moment où le sociologue a pensé bien faire de ne pas diagnostiquer et agir sur les organisations, le spécialiste en management a crée des cabinets de conseil en orientant la formation du manager vers l'action sans pour autant se détacher de son héritage théorique.
  • La sociologie du diagnostic et du conseil a déjà fait ses preuves. A cet effet, l'expérience de M. Crozier (1995) lors de la crise de la SNCFA en France mérite d'être citée comme un exemple aidant à mieux concevoir le nouveau portrait du sociologue de ce siècle.
  • Le sociologue des organisations est appelé donc à revoir sa vocation en exploitant son héritage théorique pour agir directement sur les organisations par le diagnostic et le conseil. Pour cela, la formation d'un tel sociologue suppose une autre conception du programme et des méthodes d'enseignement (R. Kechad, 2002).
  • Le sociologue des organisations pourrait même, en dehors des activités de recherche dans le cadre des laboratoires et centres d'études, ouvrir des cabinets de conseil en changement organisationnel, le changement des cultures bureaucratiques, la mise en place de nouvelles organisations, etc. Les cabinets de conseil en matière de changement organisationnel se développent de manière fulgurante en raison des exigences liées à un environnement incertain et difficile à prévoir. Malheureusement ces cabinets fonctionnent sous la coupe du management du changement.
  • Aussi le sociologue des organisations, plus que le spécialiste du management, sera appelé à étudier les phénomènes sociologiques des organisations. A ce sujet, la problématique des organisations bureaucratiques constitue déjà un domaine qui nécessite l'intervention du sociologue. L'héritage riche et précieux dans ce domaine mérite exploitation et valorisation (Voir: M. Crozier, 1963-1970-1977-1989-1995; M. Weber 1963 -1971; I. Orgogozo, 1989-1991; R. Sainsaulieu 1992, etc).

     De ce qui précède et partant de l'exemple du sociologue des organisations, les exigences de compétences et de savoir du sociologue du XXIème siècle peuvent être représentés comme suit:





     La formation du sociologue du XXIème siècle doit être pluridisciplinaire. Autour de cette formation de base, le sociologue est appelé à développer une autre vision orientée plus vers l'action sans abandonner la recherche fondamentale. Autrement dit, le sociologue de ce siècle doit lire l'histoire de cette science afin de pouvoir tirer les leçons d'hier pour confronter le présent et le futur. C'est pour cette raison qu'il demeure souhaitable d'assister un jour à la naissance de la sociologie de la sociologie, capable de faire évoluer cette science par une approche auto-critique au plan épistémologique, conceptuel et méthodologique.

     Le profil de ce sociologue doit être orienté plus vers des options adaptées aux nouvelles données induites par un environnement complexe, changeant et incertain. Le sociologue pourrait être un gestionnaire spécialisé, un conseiller ou un spécialiste en diagnostic. C'est pourquoi on propose cette nouvelle vision qui pourrait déboucher, à titre indicatif et non limitatif, sur des options destinées plus vers l'intervention:

Tableau: Conception du profil du sociologue du XXI siècle

Spécialités

Options

Domaines d'intervention

Programme de formation

- Sociologie des organisations

- Conseil

- Diagnostic

- Gestion

- Entreprises

- Administrations

Economie- Management- statistiques- Changement organisationnel - Psychosociologie des organisations - Techniques de conseil et de diagnostic- communication, etc.

- Sociologie de l'éducation

- Idem

- Ecoles - universités, etc.

- Sociologie de l'éducation - Economie de l'éducation -Statistiques - Management- Psychopédagogie, etc.

- Sociologie du sport

- Idem

- Clubs sportifs - fédérations, etc.

Sociologie du sport -l'organisation sportive- psychologie du sport -marketing sportif -management sportif, etc.


     Cette conception est la résultante de l'analyse de l'expérience passée du sociologue et les exigences du présent et du futur. Notre expérience en qualité de gestionnaire nous a permis aussi de constater que le sociologue pourrait être un gestionnaire professionnel qui se distingue du juriste, du diplômé de l'ENA ou des écoles de gestion. Par conséquent, il n'existe aucune contrainte pour que cette vocation de sociologue-gestionnaire ne soit pas traduite par un profil, un programme et un statut formalisé.

     Il demeure bien entendu que le sociologue de ce siècle sera confronté à une autre problématique liée au cadre conceptuel et méthodologique de sa science. La nouvelle vision du monde et les changement profonds ayant touché toutes les sociétés humaines, a donné naissance à de nombreux concepts: mondialisation, chaos, NTIC, etc. en plus des anciens concepts hérités de la période passée.

     Aujourd'hui le sociologue est devant une problématique centrale: sera-t-il dépouillé de son cadre conceptuel classique ou devra-t-il abandonner ce cadre pour adopter le langage qui découle de la nouvelle vision du monde?

     La sociologie de ce siècle se trouve devant une croisée des chemins: ou bien elle choisit une voie qui lui soit propre en adaptant son corps conceptuel et méthodologique, ou au contraire, elle se trouve, de jours en jours, dépassée par une réalité sociale qui ne ressemble guère à celle d'hier?

     Ce sociologue continue toujours de se comparer aux autres sciences dures par la recherche de lois et de théories lui permettant de prévoir les faits sociaux. Or, la sociologie est plus appelée à concevoir des scénarios alternatifs à partir des données empiriques fiables et actualisées car aujourd'hui la seule chose qui est certaine reste l'incertitude. Cette nécessité de se détacher d'un rêve historique liée aux conditions dans lesquelles la sociologie a pris naissance, impose aussi une profonde révision de son appareillage méthodologique et conceptuel à la lumière des nouvelles données.

En guise de conclusion: Déranger la quiétude des sociologues

     La présente réflexion ne prétend nullement avoir répondu aux questions complexes de la sociologie d'hier, d'aujourd'hui et surtout de demain. Par contre, on souhaite surtout déranger la quiétude des sociologues afin de pouvoir débattre de l'avenir de cette "science" qui a fait souffrir tant de sociologues dont beaucoup ont connu l'exil, la prison ou même l'exécution.

     L'héritage théorique et conceptuel développé par nos maîtres ne doit pas être considéré comme un livre saint que tout nouveau sociologue accepte sans pourvoir s'en détacher. Les théories sociologiques ont été développées dans des conditions socio-historiques particulières et dans le cadre d'un paradigme considérant le monde comme une horloge selon la vision mécaniste Newtonienne. C'est l'histoire qui a accouché la sociologie et non l'inverse. Pour cela, la sociologie ne pourra jamais faire l'histoire mais s'y adapter.

     Aujourd'hui ne ressemble guère à hier: de la société pré-industrielle, nous sommes pleinement engagés dans une société post-industrielle,[17] près même d'une société virtuelle. Par conséquent, le sociologue se trouve devant un dilemme: Etre sociologue d'hier devant un monde d'aujourd'hui, être un sociologue d'aujourd'hui devant une société d'hier ou tout simplement être un sociologue de son temps et de sa société.

     Si le sociologue choisit la dernière option, il est appelé donc à réfléchir à une nouvelle sociologie, sans se détacher de son héritage théorique et conceptuel, et d'être surtout capable d'assimiler les nouvelles problématiques dans un autre monde où les moyens d'information et de communication seront déterminants. A. Comte disait déjà à son époque que ce sont "les idées qui mènent le monde" et K. Marx l'a toujours rappelé:- "les idées dominantes d'une société sont les idées de la classe dominante". Deux citation choisies volontairement pour deux auteurs qui n'ont jamais partagé la même conception de l'histoire, nous permettent d'expliquer l'évolution de ce nouveau monde: c'est le monde de la connaissance et du savoir dominé par les idées d'une seule société: celle des USA. S. Amin l'a déjà souligné depuis plus de 30 ans lorsqu'il a précisé que "tant que l'on demeure dans le cadre de raisonnement du mode de production capitaliste, les choses sont très simples. Mais le capitalisme est devenu un système mondial, et non la juxtaposition de "capitalismes nationaux". Les contradictions sociales qui le caractérisent se situent donc à l'échelle mondiale" (S. Amin, 1970, T1, p.45). Ce processus, en cours, de la mondialisation du système capitaliste ne pourra pas s'opérer sans induire des phénomènes sociaux et sociologiques plus complexes (chômage, délinquance, drogue, exclusion, etc.).

     C'est tout ce débat que l'on souhaite instaurer entre les sociologues du monde.

Rabah Kechad

Notes:
1.- Le titre du film est "la sociologie est un sport de combat".
2.- Comme les conditions historiques, culturelles, économiques, sociales, etc.
3.- Voir: A.Cuvillier, Manuel de sociologie. Paris, PUF, 1950.
4.- P.Fougeyrollas (1979, p.21) précise à ce sujet que "la bourgeoisie montante a crée les mathématiques classiques, l'astronomie et la physique mathématiques (Copernic, Galillé, Descartes, Huyghens, Newton, Laplace, Lagrange, etc.), la chimie (Stahl, Lavoisier, Pristley, Lomonossov); elle créera, plus tard, la biologie (Darwin, Claude Bernard, Pasteur, Virchow, Mendel, Morgan, etc.).
5.- Il s'agit des mathématiques, de l'astronomie, de la physique, de la chimie, de la biologie et enfin de la sociologie.
6.- Chaque sociologie comportait plusieurs écoles. Ce morcellement de la sociologie ne serait-il pas à l'origine des principales difficultés n'ayant pas permis de développer des théories sociologiques à portée universelle?
7.- Il demeure difficile de préciser la ligne de démarcation entre la sociologie d'hier et la sociologie d'aujourd'hui. Néanmoins on peut prendre la chute du mur de Berlin et la dislocation de l'ex-URSS comme une référence temporelle importante qui pourrait annoncer le début d'un autre mode de raisonnement sociologique face aux changements profonds qui continuent de caractériser l'ensemble des sociétés humaines.
8.- Ceci ne peut exclure cette sociologie "non-alignée" ou dite transversale qui a tenté de s'orienter plus vers des études et des analyses sociologiques objectives en dehors de toute emprise idéologique. On s'est limité à cette configuration (Est - Ouest) car la confrontation idéologique entre les sociologues marxistes et les sociologues capitalistes avait occupé, pendant longtemps, une bonne partie de la littérature sociologique et des débats des sociologues.
9.- En Algérie, par exemple, le sociologue ne peut accéder à un poste d'enseignement du cycle fondamental, moyen ou secondaire car la Fonction Publique ne reconnaît pas l'existence de son statut. Dans d'autres pays africain le sociologue est pourchassé ou récupéré par le pouvoir politique. En Europe, en dépit de la liberté que le sociologue ait pu acquérir, il est toujours confronté, plus que les autres, aux difficultés de l'emploi.
10.- A. Touraine, pour la sociologie, Paris, Points, 1974.
11.- Sans oublier l'excellent ouvrage de référence: P. Bourdieu, Chamberon J.C et Passeron J.C, le métier du sociologue. Paris, Ed. Mouton (2ème Ed.), 1973.
12.- Ceci demeure difficile pour plusieurs raisons:- Absence d'études consacrées aux activités et aux difficultés des sociologues; peu d'intérêt accordé actuellement à l'avenir de la sociologie à la lumière des changements profonds qui affectent les sociétés humaines et enfin l'absence d'un cadre permettant un échange plus fructueux entre les sociologues du monde. C'est pourquoi la création de la revue électronique de sociologie "espritcritique" est une initiative louable qui mérite d'être renforcée en vue d'offrir un espace libre pour tous les sociologues sans aucune contrainte ou obstacle.
13.- Notre expérience même dans le cadre de la revue "espritcritique" nous a permis d'avoir plusieurs éléments de réponse. La diversité culturelle des sociologues de la revue offre une vision plus large de la situation des sociologues.
14.- On s'entend par sociologue actif et reconnu par la société par analogie au rôle du médecin, du psychologue, de l'économiste ou du juriste. Le fait que le sociologue ait toujours souhaité acquérir un statut parmi tant d'autres, veut dire qu'il souhaite se positionner dans la société comme un acteur capable d'intervenir au niveau des différentes organisations (entreprise, organisations sociales, etc.). C'est pourquoi l'intervention du sociologue continue toujours de faire l'objet de questionnements et de réflexions. Ce statut d'acteur actif n'exclue pas aussi ce sociologue qui cherche à comprendre les différents phénomènes relevants de son champ d'action afin de proposer des pistes d'action sous forme de résultats d'études ou de recommandations exploitables.
15.- Il demeure nécessaire de préciser que le cadre conceptuel et méthodologique des sciences sociales en général et de la sociologie en particulier, ne doit pas être assimilé à celui des sciences dures. La sociologie est venue pour traiter des faits sociaux ne partageant pas les mêmes caractéristiques que les faits physiques ou mécaniques. Même les sciences dures modernisent sans cesse leurs outils d'investigation et de recherche. La sociologie se trouve face à de nouveaux phénomènes et une nouvelle société où les facteurs de changement sont plus complexes et interdépendants. D'où la nécessité de faire évoluer son cadre conceptuel et méthodologique afin de pouvoir assimiler les nouvelles réalités sociologiques. C'est pourquoi il devient évident de se demander: Les théories sociologiques élaborées dans un autre contexte sociologique, historique et économique permettent-elle d'expliquer le monde d'aujourd'hui?
16.- Cette question d'utilité du sociologue constitue chez nos étudiants un complexe difficile à surmonter. Les étudiants de sociologie se sentent dévalorisés face à leurs collègues médecins, juristes, économistes, etc. Nous, en qualité d'enseignant, trouvons toutes les peines du monde pour tenter de les convaincre de l'utilité de la sociologie. Leur réponse est simple à deviner: "oui mais cette sociologie donne-t-elle la chance de trouver un emploi?". On doit souligner que les difficultés d'emploi des diplômés universitaires se posent aux différentes filières des sciences sociales, humaines, médicales et même technologiques. L'intensité du chômage varie d'un pays à un autre selon la santé économique de chacun d'eux. Seulement, on remarque que le sociologue éprouve plus de difficultés liées surtout à la reconnaissance de son statut qu'aux facteurs économiques. Les entreprises et les administrations offrent plus de débouchés aux diplômés ayant un statut reconnu: économistes, juristes, ingénieurs, etc. qu'aux sociologues. Cette question mérite une étude approfondie afin de pouvoir disposer de données plus objectives.
17.- Ceci reste valable pour les sociétés des pays développés. Les pays sous-développés ne sont pas concernés par cette classification car ils demeurent toujours dans la phase pré-industrielle. En dépit de l'acquisition des moyens modernes de la civilisation industrielle, les pays sous-développés procèdent seulement à un maquillage de leur sous-développement. Autrement dit, la modernisation du sous-développement ne pourra pas être assimilée au développement.

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Notice:
Kechad, Rabah. "Le sociologue du XXI siècle", Esprit critique, vol.04 no.10, Octobre 2002, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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