Esprit critique - Revue électronique de sociologie
-----
Accueil Information Archives Collaborer Aide
-----
-----
Vol.02 No.12 - Décembre 2000
-----
-----
Numéro thématique
-----
La recherche qualitative: objectivité et subjectivité en sociologie
Sous la direction de Jean-François Marcotte
-----
Editorial
-----

Pour une sociologie unifiée
Par Jean-François Marcotte

      La communauté des sociologues est souvent divisée lorsque l'on aborde le thème de l'objectivité et de la subjectivité en sociologie. Certains défendent la positivité de la sociologie en soutenant l'importance du rôle de la subjectivité contrôlée du chercheur. Les autres n'ont pas la prétention de faire de la science pure mais défendent l'importance de la méthode pour justifier l'ouvrage sociologique. Il s'agit bien sûr du débat originel issu de la fondation même des sciences sociales et de ses méthodes. Il s'agit peut-être aussi d'une dialectique entre les différents acteurs qui ont habités le paysage de la sociologie depuis sa naissance. Encore, il s'agit peut-être d'un débat qui sert à défendre la place de la sociologie parmi les autres disciplines intellectuelles ou à affirmer sa crédibilité. Bref, il s'agit d'une question fondamentale qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et qui n'est pas prêt d'être résolue. Peut-être ne trouverons-nous jamais de réponse? Peut-être n'y a-t-il pas de réponse? Ce débat est peut-être nécessaire à l'existence même de la sociologie!

      Aborder la question de l'approche qualitative en science sociale éveille toujours ce débat profondément encré dans tous les coeurs de sociologues. D'un côté, les fervents défenseurs de l'analyse quantitative ont souvent des réserves face à l'utilité de cette approche et proclament la meilleure valeur scientifique des données chiffrées pour témoigner des faits macrosociologiques. De l'autre, les défenseurs de l'analyse qualitative critiquent la marge d'interprétation des données quantitatives qui permet de faire dire ce que l'on veut aux chiffres et réclament un plus grand respect pour les approches qualitative qui permettent d'appréhender les faits sociaux avec plus de nuance et de profondeur.

      Si l'analyse quantitative a une place majeure par sa capacité de confirmer des théories, l'analyse qualitative fournit des instruments de choix pour appréhender des phénomènes nouveaux. Ainsi, les deux approches peuvent être perçues comme deux temps d'une même démarche, deux outils complémentaires pour comprendre et valider des considérations théoriques. Il est temps de démanteler les barricades pour observer la grande complicité qui est possible entre ces deux approches. En fait, toute démarche sociologique devrait s'appuyer sur une diversification des méthodes afin de solidifier la validité du processus réflexif. Si chaque chercheur se faisait un devoir d'expérimenter plusieurs méthodes, chacun comprendrait mieux les préoccupations des autres. En acceptant la complémentarité des deux approches, on obtiendrait une discipline unifiée qui permettrait peut-être du même coup de régler plusieurs questions existentielles de la discipline sociologique. On parviendrait à une sociologie plus à même d'accomplir sa mission d'explication des faits sociaux et sa vocation de participation à un développement social éclairé.

Jean-François Marcotte

Notice:
Marcotte, Jean-François. "Pour une sociologie unifiée", Esprit critique, vol.02 no.12, Décembre 2000, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
-----
Revue électronique de sociologie Esprit critique - Tous droits réservés
-----